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Transparence ou surveillance

Le Texier (2022) précise que “le contrôle n’est ni la transparence ni la surveillance, et le pouvoir managérial moins optique que discursif: l’examen continu du travail et des travailleurs passe avant tout par leur mise en chiffres, en équations, en tableaux, en graphiques, en courbes. Ce n’est pas le regard qui fait connaître, c’est la codification chiffrée”.

En entreprise, on souffre de l’amesure du chiffre, bien plus que de la mesure du management. Pourtant, l’activité et les affaires y sont issues du degré d’engagement du personnel en emploi, lequel dépend, très directement, du contexte du travail et des conditions générales d’exécution de la tâche. Ce qui n’est jamais chiffré, dans une “organisation” soi-disant comptable de toutes ses formes de rendement. Le rendement social n’entre pas en “codification chiffrée” dans l’entreprise, bien que le rendement économique en découle indiscutablement. La distorsion vient du fait, que l’entreprise se veut un “centre de profit”, et que tout ce qui concerne le mieux-être des personnes y a l’odeur d’un “centre de coûts”.

L’entreprise n’a de transparence réelle que celle de sa comptabilité, chiffrée, bien sûr, à son avantage. Elle surveille tout ce qui risque de l’obliger à être pleinement transparente, et son discours sur le client (ses énoncés de valeurs corporatives) cache son appétence de profit sur lui (ses objectifs internes de rendement sur l’avoir propre). Elle ne met pas en chiffres, en équations, en tableaux, en graphiques, en courbes, ses modes, méthodes et pratiques de gestion de la ressource humaine, personnel et client compris, parce que cela la contraindrait à rendre officielle (et donc apparente) son incapacité viscérale à servir au lieu de se servir.

L’entreprise se gargarise de “storytelling”, à gauche comme à droite, sans que cela ne change un iota en matière de révélation du fond d’intention réelle de sa direction à l’endroit de l’humain, qu’elle a implicitement mandat de satisfaire (personnel comme client). Or, le management, pour être une expérience de service utile qui vaille, doit s’articuler en sens humain. Et celui-ci commande une transparence absolue, pour être souscrit, plus que subi. Dommage que les dirigeants d’entreprise sachent dire tellement plus qu’ils ne veulent révéler de leurs intentions profondes. De “storytelling”, il ne reste, au final du discours tenu par les dirigeants, que la fausse impression de service et d’utilité que l’entreprise veut donner. Faute de transparence sur ses opérations, l’entreprise surveille plus les autres qu’elle-même.

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