Se planter, c’est comme se tirer dans le pied. Au lieu de se faciliter l’avancée sur sa trajectoire d’évolution personnelle ou professionnelle, on fabrique de toute pièce des entraves à son potentiel de développement du talent propre. Talent comme exécutant d’une tâche donnée en milieu du travail, talent comme dirigeant d’organisation ou encore talent comme investisseur ou entrepreneur d’entreprise. À l’égard du dirigeant, de l’investisseur et de l’entrepreneur, on doit séparer l’ivraie du bon grain, en distinguant entre les “gens en affaires” et les “gens d’affaires”. Les premiers sont des accidents de parcours, les derniers des succès de carrière.
Les “gens en affaires” attendent Godot, en ce qu’ils voudraient que la réponse à leur interrogation, en matière de résultat sur l’action à entamer, leur soit communiquée de façon suffisamment rassurante, pour constituer, avant le fait, des garanties de succès infaillible. La procrastination empreint leur démarche de décision, à telle enseigne qu’ils donnent dans la “paralysis by analysis”. Les gens d’affaires n’attendent personne pour s’engager dans l’action mesurée. Une action fondée sur la connaissance acquise, bien sûr, mais surtout sur la valeur imputée à une prise de risque volontaire associée à toute innovation dans l’être, l’avoir et l’agir par soi-même.
Comme l’a démontré, éloquemment, Philip Tetlock (2015), les “superforcasters” fondent leurs prévisions sur l’accumulation de l’information nouvelle affectant leur entendement des situations sur lesquelles porteront ces premières. En somme, il savent “pressentir” le succès possible, et, comme en toute chose, ils savent, comme l’a prescrit Drucker (1985), qu’attendre le moment parfait pour agir résultera fatalement en une décision de non-action de leur part.
Le marché du succès-échec se divise en deux segments d’action, celui de la “zone de clivage du résultat”, où logent les “gens en affaires”, et celui de la “zone de clivage du décideur”, où se situent par eux-mêmes les vrais “gens d’affaires”. Il ne s’agit pas là d’un exercice en pure sémantique managériale, mais d’une taxinomie (si compressée soit-elle) de la réalité du dirigeant, de l’investisseur et de l’entrepreneur.
Comme le veut l’adage qui dit que “l’enfer est pavé de bonnes intentions”, “l’entreprise est jonchée de gens de bonnes intentions”. Le problème, c’est que la direction, l’investissement et l’entrepreneuriat, en matière d’entreprise, ne sont pas des planches de salut pour les “indécis de ce monde”, mais des tremplins de succès pour les “innovants de ce monde”. Et, comme pour tout le reste, il est, en ce domaine, plusieurs “appelés” et peu “d’élus”. Les “appelés” sont ceux et celles qui “entendent des voix”, alors que les “élus” sont ceux et celles qui “font leur voie”.
Vous êtes “appelé” ou “élu”? Sérieusement, avant de répondre, prenez le temps de bien vous “introspecter”! Les accommodements personnels à cet effet sont faciles, et l’admission de SA réalité difficile.