Le Texier dit du management que “Ce n’est pas seulement arranger des comportements, des espaces, des outils, des procédures et des règles afin de produire des résultats prédéterminés; manager, c’est arranger des collectifs, des émotions, des désirs et des signes pour faire société”. Il ajoute: “Bref, manager, c’est produire non pas des biens ou des services, mais des individus et des groupes humains performants, malléables, contrôlables et connaissables”.
L’entreprise, où de décante le management en décisions et en actes, est bien un espace-temps d’actualisation (de réalisation) de soi, pour l’humain qui y exerce son talent. Et, à ce titre, l’entreprise est un lieu social organisé (moyens) en vue d’un service donné (fin). Or, qui dit organisation, dit également collectif, et donc interfaces, interactions et interrelations entre des personnes. Ce qui, fatalement, passe par l’expression et le ressenti d’émotions humaines. Ainsi, “faire société”, dans le sens de Bronner, c’est accomplir le destin de l’entreprise, comme impératif de service au marché. Et le marché est fait de désirs à satisfaire et de signes à recevoir pour étancher ses besoins et attentes. On parle alors de valeurs, autant du côté de l’entreprise que du client. Parce le marché, la transaction économique entre le demandeur et l’offrant, repose sur le partage, entre eux deux, de telles mesures d’identité propre. Le client doit pouvoir s’identifier aux valeurs de l’entreprise, pour que se scelle la transaction nécessaire à leur marché.
Soit l’entreprise, à management humain bien compris, doit se soucier de produire des “groupes humains”. Par contre, si ceux-ci doivent dégager de la performance, pour accomplir de manière optimale la mission implicite de service utile au marché de l’entreprise, les tenir pour “malléables” et “contrôlables” semble antithétique par rapport aux notions de confiance dans l’autre que supposent des rapports d’échange à parité entre entreprise et personnel. Manager ne doit pas donner dans l’asservissement des capacités du personnel, mais dans la libération des esprits des acteurs en entreprise, si l’on veut que cette dernière demeure un lieu social d’exercice d’une activité économique à fin humaine.