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Qu’est-ce que l’entreprise ?

Le Texier (2022) dit que “d’elle (l’entreprise) vient désormais notre salut, bien davantage que nos parents, de nos guides religieux ou de l’administration publique”. Mais cela ne suffit pas à définir l’entreprise, comme mécanisme d’utilité au marché.

In Mieux définir le management, pour mieux comprendre l’entreprise (2018, p. 20), j’ai défini cette dernière comme suit: “L’entreprise est un espace-temps d’activité, en vue de la réponse à un besoin d’homme, celui de consommation, à travers une action d’homme, celle de l’accomplissement de soi, à compter de la production du bien ou du service attendu, pour les personnes qui vont combler par leur travail la demande du client-demandeur. Le service du marché, que cela constitue, est donc à fonction économique (moyen), mais à utilité sociale (fin), en ce que le produit de l’activité de l’entreprise est voué à la satisfaction du besoin de l’homme. Ce qui suppose clairement, que le cœur de l’activité de l’entreprise gravite autour d’une attente d’homme, à satisfaire par une action d’homme. La cause de l’activité est la demande formulée, l’effet la production du bien attendu, alors que l’impact est la satisfaction du client-demandeur. Le reste, soit l’ensemble des dispositifs de gestion des ressources requises, pour enclencher le mécanisme de réponse au client, constitue, dans l’entreprise, l’appareillage de soutien à l’objet de la démarche que commande le système de service au marché de cette dernière, soit le comblement d’un besoin exprimé.”

Cela tombe sous le sens, me direz-vous. Pourtant, peu ne commettent pas l’erreur de confondre la fin de l’entreprise et les moyens de son activité. De fait, la vaste majorité des gens pensent que le profit (moyen de l’activité reconduite) est la mission de l’entreprise (fin ou raison d’être de celle-ci). Ce qui fait déporter la priorité de l’activité et des affaires de l’entreprise vers la satisfaction d’un tiers (l’actionnaire), au lieu de porter sur la satisfaction d’un partenaire de marché (le client). Le problème, c’est que l’ordre des priorités, en toute circonstance, commande l’ordre des comportements chez l’humain. Poser que le profit soit LA priorité des priorités, c’est inviter ceux et celles qui doivent l’assurer non pas à servir le marché (le client) mais à servir le tiers (l’actionnaire). Une erreur grossière, que commettent tant et plus de dirigeants d’entreprise, comme d’analystes et de conseils en management d’ailleurs, sans parler, bien évidemment, de professeurs d’université.

Mal définir l’objet de l’entreprise ne peut qu’entraîner mal définir le service qu’elle suppose. Or, ce qui est mal compris au départ des projets se solde par une mal compréhension de ce qui doit découler de tels projets. Dans l’entreprise actuelle, on n’a pas le temps de définir les choses; on veut absolument réaliser des choses. Et on finit, effectivement, par réaliser des choses. Le malheur, c’est qu’on ne réalise pas nécessairement ce qu’il fallait réaliser.