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Prétendre philosopher comme prétendre manager

Klein (2018) dit ceci: “de prétendre philosopher suppose d’avoir préalablement lu et étudié – ne fut-ce qu’un peu – Aristote, Platon, Descartes, Kant, Nietzsche, Hegel, Husserl ou Heidegger, alors qu’on peut être ingénieur ou physicien sans avoir jamais eu sous les yeux le moindre texte de Galilée, Newton, Boltzmann ou Einstein”. José Ortega y Gasset, pour sa part, a observé que “La philosophie n’a pas besoin, comme la science, de collaboration. Elle n’est pas une activité de la société, mais un travail solitaire. Le philosophe est une sorte de Robinson. Et ce qui est caractéristique, c’est que le Robinson philosophique ne vit pas sur une île déserte, mais dans une ‘île désertée’, dont les habitants sont tous morts”.

Pour sa part, le management n’est ni une science ni un art, mais un vécu, une expérience qui ne peut jamais être répétée à l’identique. Mais c’est un vécu par les actes, fondé sur une philosophie de l’identité propre de l’entreprise qui le pratique, et dont l’objet est la satisfaction d’un besoin d’être amélioré de la condition humaine. N’avoir jamais lu d’ouvrages de fond, ou encore n’avoir jamais fait d’abondantes recherches à son sujet, c’est comme vouloir comprendre et répondre aux attentes de l’humain, sans savoir de quoi retournent les erreurs antérieures qui n’auront pas permis d’y arriver. Non pas pour les répéter, mais, justement, pour les éviter. Et surtout, pour tenter de situer l’ordre d’évolution des besoins de l’humain, et tenir compte des propositions des chercheurs et penseurs en la matière. Impératif auquel répond inexorablement toute quête d’intelligence philosophique, à quelque égard que ce soit.

Les “experts du samedi”, comme les “spécialistes du dimanche”, ne sont que des “gérants d’estrade” qui savent tout du jeu, sans l’avoir jamais expérimenté eux-mêmes non plus qu’en avoir compris la dynamique qui lui soit propre. Or, le management n’est pas une fiction d’idées mise en application pour la forme, mais un précepte d’entendement philosophique mis en valeur pour le fond des attentes de plus et mieux être des humains servant et servis par l’entreprise qui y fait appel. Ce qui suppose, que la réflexion à son sujet ne cessera pas, puisque les besoins de l’humain sont infinis par définition et insatisfaits par destination. De fait, l’humain, qui tend pour lui-même vers l’actualisation de soi par le dépassement de son état courant, attend de son service un plus et un mieux sans fin. D’où l’importance de chercher à comprendre l’évolution de ses attentes, par la recherche constante de ses comportements.

Et, à l’encontre de Robinson, le management est un exercice de société, puisqu’il implique le service des uns par les autres, chez les humains qui profitent des entreprises qui savent le pratiquer sensément.

Chose certaine, la philosophie du management n’a pas crevé le plafond des résistances à la compréhension des besoins et des attentes de l’humain, dans l’ensemble de nos entreprises.