D’Espagnat (2015) rappelle que “l’importance conférée par Bohr aux instruments a pour conséquence que selon lui il est impossible de parler – du moins d’une manière non ambiguë – d’un phénomène tant que l’on s’abstient de décrire de façon complète le dispositif expérimental utilité pour étudier le phénomène”.
En management, on renvoie le personnel à des instruments d’intervention de toute sorte (modes, méthodes et pratiques de travail), sans avoir d’abord parlé, “de manière non ambiguë”, de leur pertinence, face aux “phénomènes” qu’ils sont censés contribuer à résoudre, pour assurer le résultat des opérations de l’entreprise. On prend pour acquis, que chacun sera sur la même longueur d’ondes, en termes d’entendement des “instruments” et des ‘phénomènes”, alors que nul n’a jamais “décrit de façon complète le dispositif” proposé pour résoudre les problèmes courants inhérents à l’activité et aux affaires de l’entreprise. Or, si on se donne le moindrement la peine de chercher, on constatera qu’aucune unanimité n’existe en matière de définition d’à peu près aucun concept, notion ou idée liée au management ou à l’entreprise.
Ce qui veut dire, qu’il revient à l’entreprise, et à son monde bien sûr, de définir, chaque fois, ce que représenteront pour elle les “instruments” et les “phénomènes” concernant son activité et ses affaires. En d’autres mots, l’entendement de l’activité et des affaires, par “instruments” et “phénomènes” interposés”, n’est pas fondu dans une définition universelle des choses, mais unique à toute entreprise. Ce qui donne lieu à “l’identité propre” de l’entreprise, dont j’ai traité dans mon livre sur L’intelligification de l’entreprise: ou l’humain comme centre de l’attention (2018).