Cahsman (2017) cite Einstein, qui convie à ne pas tenter “de devenir un être à succès, mais un humain de valeurs”. L’aphorisme semble aller de soi, pour peu que l’on admette que tout le monde soit “pour la vertu”. Le problème, c’est que tout le monde dit plein de choses, qu’il ne pratique jamais ou peu s’en faut. La turpitude l’emporte largement sur la sagesse humaine, en maintes affaires politiques, économiques, sociales et managériales. Sans confondre, pour autant, les domaines de pratique différente que sont les uns et les autres, on peut tout de même penser qu’un humain ici et un humain là ne sont pas, par définition des êtres tellement différents qu’il faille adopter chaque fois un langage autre pour les définir dans leur essence.
En entreprise, il demeure, que le succès et appréhendé “en haut”, par la direction, en termes de valeur financière d’opérations, alors que le rapport humain est interprété “en bas”, par le personnel, en termes de valeur sociale d’actualisation de soi. Les deux ordres d’attente qui en découlent ne sont pas à confondre, non plus qu’à évaluer suivant un même catalogue d’indicateurs de mesure. Ce qui, pourtant, se fait, à longueur de cycle de vie d’entreprise, où tous les facteurs d’agencement des structures de fonctionnement sont abordés sous l’angle unique du chiffre d’affaires. Ce qui relègue au second plan la dimension valeur sociale du comportement des acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires de l’entreprise, comme principe moteur de l’engagement au travail et duquel découlera la valeur financière éventuelle des décisions et des actes de production leur étant imputables.
Le management, sans doute sous la poussée intéressée des dirigeants, prompts à assurer leurs arrières, est devenu, au fil des générations, un instrument d’asservissement des uns (le personnel) par les autres (les dirigeants). Cela semblera exagéré aux défenseurs à tout crin des dirigeants d’entreprise, mais il conviendra de leur rappeler que le problème de l’agent et du principal remonte à Berle et Means (1932) – repris par Jensen et Meckling (1978), qui dicte que le management est devenu une affaire de gros sous pour les dirigeants bien plus que de gros dividendes pour les actionnaires de l’entreprise. C’est à croire que l’entreprise est une manufacture d’argent, par profit interposé, au lieu d’être un service d’humains par des humains, dans une perspective de valeurs humaines de réalisation des personnes, comme cause, entraînant une valeur économique de résultat, comme effet.
S’il doit y avoir succès dans l’entreprise, c’est bien d’avancement de la condition humaine de l’ensemble de ses parties prenantes, et non pas, comme facteur d’incidence de l’activité et des affaires, de chiffre d’affaires et de profit pour ses dirigeants. Ce qui, semble-t-il, dans un nombre incalculable de cas, devra donner lieu à une révolution des esprits (du mindset) chez les dirigeants d’entreprise concernés.