Bronner (2021), parlant des “incertitudes”, dit qu’il faut “libérer notre attention des impératifs de survie pour nous ouvrir à la contemplation d’objets mentaux”.
En entreprise, tout part et tout revient aux “incertitudes”. Celles des besoins et attentes du marché, à une époque de substitution accélérée de l’offre et de libéralisation des marchés, comme celles des voies et moyens d’engagement à la tâche d’un personnel devenu, avec la formation supérieure et la circulation instantanée de l’information, plus attentif à la satisfaction de ses propres besoins et attentes d’actualisation de soi.
Or, l’entreprise, en fait sa direction, a, manifestement, l’esprit occupé par la “survie” des opérations, entendue en termes de maximisation de son capital versé, d’où sa batterie de mesures de la performance du travail du personnel. Elle n’a “d’attention” qu’envers elle-même, puisque le profit, qui retient celle-ci, dévore toute la capacité dont elle puisse disposer pour s’intéresser longuement aux tiers d’activité que sont pour elle le personnel et le client.
Par contre, le personnel, lui, a “l’esprit” dominé par les politiques adoptées par la direction, qui, bien malgré le paravent des énoncés de vision, de mission et de valeurs de l’entreprise, l’empêchent de se “libérer” suffisamment pour donner dans le flow de la tâche assignée. Son “impératif” de “survie” tient de l’insistance, malsaine au demeurant, de la direction, à lui imposer des cadences, des objectifs et des évaluations nettement en marge de la réalisation optimale de ses potentialités propres.
Ni les voies et moyens de l’activité ni la fin de l’entreprise, dans pareil contexte et semblables conditions, ne peuvent aboutir à un rendement égal à “l’impératif” implicite de mission de l’entreprise, qui consiste en la création d’un prochain client. Ce qui s’interprète par la maximisation de l’avantage au client, et non pas à l’actionnaire, comme priorité d’organisation dans l’entreprise.
Il manque d’intelligification, dans la majorité des entreprises, parce qu’il y a absence marquée de volonté de “libération” des “esprits”, en vue de trouver les meilleurs accommodements possibles entre les besoins et les attentes des parties prenantes à leurs activité et à leurs affaires. Étrangement, la priorisation de soi, dans le processus managérial, qu’il s’agisse de la direction, de la supervision ou du personnel, comme d’ailleurs de l’actionnaire, va très directement à l’encontre du principe même d’organisation économique qu’est l’entreprise à sa base.
Rien ne “profite” réellement à l’ensemble, et donc rien ne permet l’actualisation de chacun. “L’impératif” de “survie”, s’il doit en être un dans l’entreprise, devrait être centré sur la “libération des esprits” la composant, puisque ses opportunités de marché commandent que ses capacités et ses potentialités soient optimisées, pour que le client soit avantagé… au détriment de la concurrence.