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L’être humain est condamné à choisir et agir. Choisir de ne pas agir est une forme d’action, en ce que cela en fait une chose que l’on peut faire

Korsgaard (2009) rappelle que « l’être humain est condamné à choisir et agir. Choisir de ne pas agir est une forme d’action, en ce que cela en fait une chose que l’on peut faire ».

Certains pensent, erronément, qu’on peut se dispenser de choisir et d’agir, en demeurant résolument inactif, c’est-à-dire en refusant systématiquement de changer de position. Le problème, c’est que cette option est en soi un choix exercé volontairement, et donc une « forme d’action » consentie par notre intervention personnelle. En d’autres mots, ce faisant, nous aurons « choisi » « d’agir » par « l’inaction ».

Tout comme nous ne pouvons prendre nos distances avec notre nature humaine, pour nous supposer autrement constitués que nous ne le sommes réellement, nous ne pouvons pas nous interdire d’agir sans avoir décidé « de le faire ». Nos inactions sont des actions en renversement de trajectoire, pour ainsi dire, puisque, qu’on le veuille ou non, tout en nous-mêmes et tout autour de nous-mêmes bouge (change) sans que nous ayons contrôlé directement leur évolution. Or, si l’humain a la responsabilité directe et permanente de ses « actions » à cause de ses « choix », il lui revient d’assumer l’obligation de leurs conséquences immédiate et future. Ce qui exigera de lui, qu’il exerce ses « choix d’action » de manière optimale, puisque sa condition propre en dépendra à terme.

En entreprise, le management, qui est une fonction de disposition collective, puisque l’activité et les affaires sont menées par l’ensemble des acteurs assumant le flux de travail qu’elles supposent, devrait donner lieu à des « choix d’actions » à portée utile pour le personnel et pour le client. Parce que l’un et l’autre sont au point de jonction entre la mission de l’entreprise et les voies et les moyens de son activité et de ses affaires, en réponse à la demande formulée et provenant du marché à servir.

Cela suggère une conciliation des intérêts internes et externes, entre personnel et client de l’entreprise. Ce qu’une gestion inclusive de l’un et de l’autre, dans le processus de décisions et d’actions assurant l’activité et les affaires de l’entreprise, devrait mieux permettre d’atteindre. Or, la « gestion participative » à l’interne, dans une masse d’entreprises, n’existe qu’en parole, sous la forme de consultations d’occasion entre la direction et le personnel. En ce qui concerne la « gestion participative » à l’externe, dans la quasi-totalité des entreprises, elle n’a même pas encore effleuré l’esprit des dirigeants.

Or, en entreprise, si « l’être humain est condamné à choisir et agir », parce qu’il « ne peut pas ne pas agir » (Watzlawick a prescrit en matière de communication – ‘qu’on ne peut pas ne pas communiquer’, 1979), il devrait logiquement opter pour des choses qu’il peut faire et qui l’avantageront. Et puisque le management y est un exercice collectif, par l’activité et les affaires qu’il suppose depuis un flux de travail assumé avec d’autres sur une même « chaîne de valeurs » (Porter, 1983), les « choix avantageux de chacun » profiteront à l’ensemble des acteurs-preneurs à leur résultat.

Le problème, c’est que l’entreprise, et par voie de conséquence son management, est comprise et assumée comme un instrument de discrimination entre les intérêts d’un chacun ou presque. Les actionnaires privilégient le court terme, au détriment de l’investissement à long terme que requiert l’innovation pour qu’elle demeure concurrentielle. Les administrateurs et les dirigeants se préoccupent de la redistribution entre eux des retombées de l’activité et des affaires de l’entreprise, au détriment du personnel. Et le personnel, par mesure de rétorsion, le plus souvent inconsciente, n’exécute par ses mandats d’emploi au meilleur des capacités, potentialités et opportunités de l’entreprise.

Pourtant, la mission de service optimal au client demeure un impératif unique pour chacun, et les voies et moyens de l’activité et des affaires sont limités aux mêmes exigences de rendement pour perpétuer la présence de l’entreprise dans son marché.

C’est tout comme si, en entreprise, « l’être humain » (actionnaire, administrateur, dirigeant, cadre, professionnel, superviseur, personnel confondus) s’était lui-même « condamné à choisir et à agir » au détriment de sa propre condition. Or, « choisir de ne pas agir » dans le sens des intérêts communs en entreprise, parce que cela est « une forme d’action », et que « cela en fait une chose que l’on peut faire », ne tient pas de l’humanitude assumée pleinement mais de la bêtise répartie communément entre tous.

Chez vous, en entreprise, « chacun s’est-il condamné à choisir et à agir » à son avantage en avantageant tous les autres, ou « chacun s’est-il bêtement condamné à subir le choix et les actions des autres en concordance avec ses choix et actions réciproques de désavantage des autres »?