Cashman (2017) cite George Santayana qui dit: “L’esprit le plus sage a encore quelque chose à apprendre”. Et c’est le même Santayana qui disait: ” Ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter”. Tous, nous en savons plus sur nos lieux de vacances, nos sports et nos basquettes préférées que sur nous-même. On peut tous répondre à une question relative à qui nous sommes, en faisant déporter la réponse sur une activité personnelles ou professionnelle. Or, l’état d’être de la personne que nous sommes tient plus de nos qualités humaines, que de nos occupations passagères. En somme, à notre monde intérieur qu’à notre monde extérieur. Trop souvent, notre perception de nous-même est limitée par d’étroites barrières, lesquelles nous empêchent d’évaluer qui nous sommes dans notre totalité d’être, d’avoir et d’agir.
Pourtant, il n’existe pas de limites connues, qui préviennent que nous puissions nous connaître nous-même plus et mieux. En d’autres termes, il n’existe pas de limites à la “maîtrise de nous-même”. Or, la “maîtrise de nous-même” concerne d’abord la compréhension, avant l’actionnement, du véhicule que nous sommes, en tant qu’humain, à destination de notre état futur. Chaque étape de notre vie est un stade possible de meilleure possession de notre condition à venir, dès lors que nous partirons d’une connaissance accrue de qui nous sommes pour avancer vers ce que nous pourrions (voudrions) être. Ce qui imposera, que nous dussions disposer consciemment du “manuel du conducteur”, qui vient avec ledit véhicule de vie propre que nous demeurons quoi qu’il advienne. Le tout est affaire de volonté, mais avant tout de lucidité et de probité.
En entreprise, chacun, notamment les dirigeants, se considère en pleine possession de lui-même, et donc au fait de son état d’évolution, au point de se “maîtriser lui-même” complètement. Étrangement, cela supposerait qu’il sache reconnaître ses erreurs de cheminement passées, parce que, comme humain, nul n’est jamais parfait en condition personnelle ou professionnelle. Il reste donc à chacun, en permanence, un territoire de connaissance additionnelle à couvrir, pour améliorer la connaissance qu’il puisse avoir de lui-même. Un effort que peu ne consentent, par retour constant sur eux-mêmes et donc sur l’état vrai de leur condition d’être, d’avoir et d’agir. Tous nous préférons nos illusions à notre réalité.
Le problème, pour l’entreprise, comme pour ceux et celles qui l’animent, du moins dans une perspective d’économie dans le service au marché que cette première suppose, c’est qu’on n’a jamais rien sans rien (There ain’t no such thing as a free lunch). La sagesse de l’esprit disposé à “apprendre” sur lui-même, pour ajouter à sa qualité humaine, n’est pas toujours confirmée dans l’entreprise, où chacun se plaît à limiter sa critique aux autres plutôt que de se l’adresser à lui-même.
Chez vous, on “apprend” sur soi-même, ou on se contente de faire “désapprendre les autres” sur soi-même?
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