Lau (2022) rappelle que “les scientifiques votent souvent avec leurs pieds. S’ils voient que certains domaines sont sans espoirs (de changement), ils peuvent les ignorer, et focusser sur ce qui leur semblera plus susceptible de traction” (action d’une force agissant sur un corps suivant son axe et tendant à l’allonger). En somme, les scientifiques, et c’est bien ce que Étienne Klein a noté, au lieu de se buter à l’incompréhension crasse du nombre, ont déserté le discours public, pour éviter de s’épuiser à revenir sur la substance des choses acquises pour faire progresser leurs recherches vers de nouveaux sommets du savoir utile à l’humain.
En entreprise, les dirigeants votent avec leurs pieds, depuis bien avant la publication de l’ouvrage marquant de Berle et Means (1932), dans lequel ces auteurs exposaient le problème lancinant de l’agence (l’opposition systématique entre le “principal”, l’actionnaire, et “l’agent”, le manager, quant au sens à donner à l’activité et aux affaires propres de l’entreprise). Jensen et Meckling (1976) sont revenus sur la question, de manière sublime, bien que rien n’ait fait changer d’idées, par la suite, les entêtés de l’appropriation pour soi du pouvoir inhérent au management de l’entreprise.
En matière de rapports interindividuels et collectifs, du moins en ce qui a trait au personnel de l’entreprise, les dirigeants votent avec leurs pieds chaque fois qu’ils se détournent des vraies questions de la performance sur opérations. De fait, ce ne sont pas les politiques adoptées par les dirigeants qui font le résultat d’exercice, mais la réception qu’en fait le personnel chargé de les appliquer. Or, le personnel n’est pas plus idiot que la direction, qui, comme elle, recherchera ses intérêts en premier dans tout ce qu’il entreprendra.
Pourtant, le sens de l’organisation, propre à l’entreprise, suppose que des économies soient indispensables à son rendement sur l’activité et les affaires. Ce qui devrait imposer la convergence, plutôt que la divergence, des intérêts de chacun. En somme, au lieu de “voter avec ses pieds”, chacun de son côté, mieux vaudrait “voter avec intelligence dans le sens de convergence des intérêts de l’ensemble”, et faire du “trickle down” économique une réalité dans l’entreprise.
Manager de la tête, au lieu des pieds, serait une avenue à emprunter, plus qu’à disputer!