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Les choses ne changent pas; nous changeons

Cashman (2017) cite Henry David Thoreau qui dit: « Les choses ne changent pas; nous changeons ». En fait, le monde physique s’altère avec le temps. Or, même celui-là est l’objet d’une perception donnée par l’humain. Et la perception de ce dernier dépend de son point de vue (opinion). Et parce que, trop souvent, l’humain teinte les choses d’une certaine manière, il lui arrive de ne plus faire la différence entre ce qu’est la réalité et ce qu’est la perception qu’il en a. On dira d’ailleurs, qu’il n’existe pas de réalité, mais que des réalités, soit celles créées par la perception de chacun. Pourtant, tous s’entendront pour dire, qu’il n’existe, en fait qu’il ne devrait exister, qu’une seule vérité. Ce qui supposera, que les faits ne devraient pas donner lieu à une interprétation qui puisse déroger à la vérité. Ce qui se produira, dès lors que notre point de vue tendra à s’écarter trop de la perception partagée par la majorité des autres. En somme, les faits sont ce que leur nature et leur situation supposeront, mais leur perception, elle, est dépendante de l’opinion que nous en formons par et pour nous-même.

En entreprise, les choses, autres que matérielles, ne changent pas profondément, parce que les gens qui y oeuvrent ne savent pas, ne veulent pas, lâcher prise. Parce que le changement, qui n’est rien d’autre qu’un passage d’un état à un autre, suppose, comme condition sine qua non, le « lâcher prise » des personnes, par rapport à leur interprétation déphasée de la réalité nouvelle de l’activité et des affaires de l’entreprise elle-même. Et donc, l’ancrage des points de vue de son monde, dans l’hier de sa condition, explique la permanence indue de ses modes, méthodes et pratiques de management.

Le marché, soit la raison d’être de l’entreprise, aura changé, du fait de l’avancée, par l’innovation récurrente, de ses rivales d’offre, sans que cette dernière n’ait su lâcher prise sur sa réalité (celle antérieure de son marché). Le point de vue de l’entreprise sur son marché tiendra encore d’une impression d’hier confirmé, alors que la réalité de ce dernier aurait dû lui imposer un changement de perception de sa condition. Ce qui veut dire, que les choses changent, sans que nous ne changions nécessairement du même coup. Ou pour le dire autrement que Thoreau, les choses ne changent pas, parce que nous n’avons pas changé à leur égard. C’est donc la perception du monde qui sera fixe, chez les attardés du changement d’idées dans l’entreprise. Et non pas la réalité du marché de l’entreprise qui sera demeuré figé. De fait, le temps et l’espace de l’offre et de la demande en biens et services de substitution, que supposera ledit marché, devraient forcer une réalité changée du monde chez l’entreprise.

Si l’entreprise changeait de point de vue, au lieu de demeurer sur une position dépassée de sa réalité, sans doute que l’innovation entraînerait chez elle un mouvement imparable d’avancées des idées, qui stimulerait plus fortement l’engagement au dépassement de soi de l’ensemble de son personnel.

Chez vous, on « change d’idées », ou on « s’engonce dans ses perceptions d’hier de la réalité » de l’entreprise?