Poloz (2022) fait état des cinq forces tectoniques susceptibles de décider de notre avenir comme genre humain : 1) le vieillissement des populations; 2) les progrès technologiques; 3) les inégalités croissantes de la richesse et du revenu; 4) le niveau ahurissant d’endettement (tous types confondus); 5) le réchauffement incontestablement inquiétant de la planète.
Or, on pourrait dresser, sur le même modèle, un palmarès des plaques tectoniques du management dans l’entreprise : a) la substitution accélérée et généralisée de l’humain par l’intelligence artificielle dans toutes les sphères de l’activité en même temps; b) la surconcentration de la propriété du système mondial de production-distribution, tous secteurs de l’activité confondus; c) le fléchissement constant et permanent du pouvoir d’achat, comme conséquence sur la demande finale globale, d’un segment grandissant des populations un peu partout dans le monde; d) la complexification du management (et de l’économie en général), du fait de la formation académique permanente et supérieure, de l’instantanéité des communications, et de la pénétration universelle des technologies de haute pointe dans l’ensemble du complexe industriel et commercial international; e) le désengagement profond et constant du personnel au travail, de l’incompétence marquée des dirigeants d’entreprise à satisfaire ses besoins et attentes d’actualisation par des modes, méthodes et pratiques de gestion améliorés, sans compter l’incertitude du maintien en emploi (non pas en termes de poste, mais d’employabilité, de transférabilité) d’une majorité des employés actuels.
Le management efficient, contrairement à ce que trop de gens pensent, n’a rien à voir avec l’appareillage surfait de mesures de la soi-disant « performance ». Le management efficient est une affaire d’intelligification, d’humanisation et d’institution de la confiance, à travers les interfaces, interactions et interrelations entre tous les acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires de l’entreprise. Ce que peu d’entreprises ne réussissent véritablement, même si toutes (Dunning-Kruger oblige) se targuent, par rapports annuels interposés, d’être des phares de rendement sur leurs modes, méthodes et pratiques de management de l’activité et des affaires.
Or, les cinq plaques tectoniques du management ne sont abordées nulle part, que je sache. Tout le monde surestime, comme d’ordinaire, sa capacité de prédire l’avenir (enchanteur), sans que cela ne se traduise en réalité d’aucune manière (voir les études de Tetlock, et tant d’autres, sur le score des humains au chapitre du « forecasting »).
Il est urgent que la masse des gens s’éveillent à ces questions, et en disposent convenablement. Sans quoi, nous vivrons sous peu une crise à la 2008 des plus dommageables, des plus durables et des plus déstructurantes qu’il soit possible de… pressentir.
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S’il manque tellement d’intelligence collective, dans la société civile actuelle, c’est qu’il y manque horriblement d’idées neuves. Celles qui viennent de la réflexion, bien évidemment, mais avant tout de la circulation des idées constructives (les idées négatives sont suffisamment nombreuses à empester le monde présentement, qu’on a besoin de changer d’air.)
