Foster (2005) cite cet adage chinois: “l’enseignant ouvre la porte, mais vous devez entrer par vous-même”. La chose semble aller de soi. Le tort, cependant, serait d’imaginer que les gens reçoivent cet aphorisme comme une lapalissade, et qu’ils agissent en fonction de sa prescription. La majorité des gens souscrivent d’emblée à tout ce qui “fait du sens” (la vertu). Mais peu n’agissent en conformité de ce que le bon sens indique. Les gens voient des “ouvertures”, là où il n’en existe pas, parce qu’ils pensent que les choses correspondent automatiquement à leurs lubies. Par contre, ils hésitent, plus souvent qu’autrement, face à ce qui est, dans les faits, une opportunité de dépassement de leur condition courante, parce qu’ils voudraient, avant leur engagement, avoir la certitude que leur décision d’agir aura le résultat heureux qu’ils escomptent. Or, “on n’a rien sans rien” (traduit en termes économiques américains: ” There Ain’t No Such Thing as a Free Lunch” (TANSTAAFL).
En entreprise, la direction ne voit généralement pas l’extraordinaire “ouverture”, que présente une relation d’égalité avec le personnel, tant en termes de facilitation des rapports interindividuels et collectifs que de résultat supérieur sur l’activité et les affaires. Et donc, elle se refuse à partager, dans l’équité, le risque sur l’activité, l’effort sur la tâche et les retombées sur les affaires, comme si elle avait reçu le pouvoir de gérance en droit d’ainesse. La direction, par ailleurs, croit, ce que ses actes démontrent très nettement, qu’elle peut “profiter” d’une opportunité de relèvement du rendement sur l’activité et les affaires de l’entreprise en imposant des cadences, des quotas et des évaluations toujours plus serrés au personnel. S’il en était autrement, on ne verrait pas s’ajouter des indicateurs de mesure de la performance à la batteries de contrôles comptables antérieurs, qui, déjà, encombrent le décor managérial au lieu d’assainir ce dernier à l’avantage de chacun assigné à mandat d’emploi dans l’entreprise.
L’ouverture de la porte, par les autres, c’est l’indication de la voie à suivre, et non pas le franchissement, pour soi et par eux, de la distance qui nous sépare de l’objectif que nous nous fixerions et du résultat que nous voudrions attendre de nos engagements. Passer la porte, par soi-même, ce n’est rien de moins que s’engager, par soi-même, sur la voie qui s’ouvre devant soi, parce que la lumière au bout du tunnel nous aura fait voir l’aboutissement possible de nos engagements. Mais le fait de s’être engagé ne confirme pas encore l’état d’arrivée de notre démarche d’avancement sur ladite voie. Cela veut dire avoir l’intelligence de voir, au-delà du présent, une potentialité d’accomplissement par la prise de risque que constitue l’engagement sur une voie nouvelle d’exploration de soi et de ses projets. Risquer n’est pas l’équivalent de naviguer à l’aveuglette, comme s’engager n’est pas l’équivalent d’attendre le résultat avant l’action.
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