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Le XXe siècle s’est achevé le 11 mai 1997

Bronner (2021) dit que “(l’) on pourrait même dire que le XXe siècle s’est achevé le 11 mai 1997 sur cette nouvelle à la fois exaltante et terrifiante: une intelligence artificielle était capable de battre aux échecs le meilleur des joueurs humains connus”.

Or, il semblerait que l’humain ait été battu en brèche bien plus tôt, soit en 1961, quand les premiers robots industriels ont été introduits dans l’entreprise, pour remplacer en masse sinon en totalité l’humain au travail. Après tout, le travail a toujours été, sous une forme ou sous une autre et à une époque ou à une autre, la facture (preuve) de son intelligence appliquée aux affaires de la société et de son vécu collectif. Inutile de remonter la chaîne historique du robot jusqu’à
l’apparition du tout premier exemplaire, puisque personne ne semble s’entendre sur la définition de “robot” (ou ordinateur, ou computeur).

Depuis les années 1980, où l’informatique s’est répandue comme une traînée de poudre dans tous les milieux du travail, particulièrement les bureaux d’affaires, on peut dire que l’humain a été largement déclassé en matière de productivité sur l’activité et sur les affaires de l’entreprise. Du moins, c’est ce que donnerait à entendre le fait que l’investissement en capital y est, depuis plusieurs années, supérieur à l’investissement dans l’humain. Or, les études de Keiningham, Aksoy et Williams, (2009) ont démontré que, à investissement égal, la dépense engagée sur l’humain, dans l’entreprise, rapporte 2,2 fois plus que celle affectée aux équipements en termes de productivité globale.

En somme, ce qui s’est arrêté, depuis une génération au moins, dans l’entreprise, ce n’est pas tant le XXe siècle, que la civilisation de l’humain dans ses dimensions sociales et économiques. Tout semble s’y dérouler, comme si l’intelligence artificielle était devenue une fin en soi, et non pas UN moyen de son activité et de ses affaires, dans l’ensemble du système de production-distribution de biens et services d’appoint au mieux-être attendu de l’humain qu’elle n’a jamais cessé d’être. La direction de l’entreprise fait le même genre de fixation sur l’intelligence artificielle, qu’elle l’aura faite à l’époque où Frederick W. Taylor introduisait dans son régime de contrôle des personnes et des actes le soi-disant “management scientifique”.

Au lieu de chercher le point de chute des choses, en entreprise, on devrait tenter de trouver plus souvent des points de bascule (tipping point – Gladwell, 2000) des améliorations profitant directement à l’humain, comme destinataire final de son activité et de ses affaires. Sans doute que l’humain, et à travers lui la planète toute entière, s’en porterait mieux.

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