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Le savoir réel versus la croyance au hasard

Williams (2006) parle du “savoir réel”, qu’il oppose aux “croyances au hasard”, comme système de pensée révélant la structure de référence intellectuelle des personnes et des entreprises sur tout sujet d’intérêt. En somme, il relate l’idéal de Platon, repris par Aristote, en matière de “savoir scientifique”, lequel est la marque du “savant”. Or, le “savant”, en entreprise comme ailleurs, ne théorise pas pour faire fonctionner ses méninges. Il théorise, comme le dirait Kurt Lewin (1948), pour structurer, de manière pratique, son action, en fondant son principe sur des référents conséquents, plutôt que sur des devinettes de circonstance, en cours d’exécution de ses projets d’activité et d’affaires. Et la juste différence, entre le “savant” pratiquant et “l’amateur” devinant, en entreprise comme en recherche scientifique, se mesure en réussite imputable aux compétences plutôt qu’à la chance (Mauboussin, 2012).

Le “savoir réel” est celui déduit, par accumulation de faits et synthèse de résultat, de l’observation des décisions et des actes, dans l’entreprise qui se gère avec intelligence, plutôt qu’elle ne s’opère par diligence et “croyance au hasard”. La précipitation des dirigeants, pour clore plus rapidement que normalement réalisable l’exercice en cours sur un profit délirant, n’entraîne pas automatiquement l’usage optimal des savoirs réels et porteurs de performance accrue dans l’entreprise. Ce qui donne du rendement optimal, en toute activité et affaire d’entreprise, c’est la rationalité d’usage des savoirs acquis par chacun, dès lors que ceux-ci sont libérés par la pratique active et continue des dirigeants d’empowerment au travail du personnel. Non pas un empowerment de façade, mais une décentralisation effective du pouvoir de décisions et d’action à l’avantage de ceux et celles chargés de l’exécution de l’activité et des affaires de l’entreprise. Steve Jobs a eu raison de décrier cette tendance maladive des dirigeants à vouloir à tout prix embaucher des “compétences” et à les traiter par la suite comme des “incompétences”.

S’il faut mettre en oeuvre le “savoir réel”, et utile, encore faudra-t-il d’abord effacer les “croyances au hasard” de l’esprit des dirigeants en entreprise. Pas de la tarte, sachons-le. Mais le jeu en vaut la chandelle. Reste à savoir, si les tenants des “croyances au hasard” veulent être éclairés… mieux encore s’éclairer eux-mêmes?