Rawls (1999) rappelle que « le respect humain est sans doute le premier des biens, sans lequel nous n’aurions aucun sens de la valeur d’être ».
En fait, le « respect humain » est à ce point important, que la justice impose, selon Rawls, « qu’il y ait égalité de base sociale » à son endroit. En somme, que, en société, les uns aient envers les autres un égard réciproque, parce que le « respect humain » est la substance première de l’être, et qu’il ne doit pas être diminué par l’action d’aucun au désavantage de quiconque.
Le « respect humain », c’est le « sens de soi » par la « valeur de soi », et les deux sont sources d’authenticité d’être pour l’humain. Le « respect humain », pour chacun, est, sinon la somme de son être, du moins la plus sûre interprétation de la « dimension de soi » (Zink, 2007). Et qu’à se considérer soi-même, dans les limites de l’appréciation des autres, c’est, pour l’humain, un signe manifeste de reconnaissance de l’égalité sociale qui donnera la « valeur d’être » à chacun.
En entreprise, le « respect humain » n’est pas moins important, si tant est que la « valeur d’être », que chacun lui imputera, donnera effectivement droit aux mêmes égards de la part de tous à l’endroit des autres.
L’entreprise est un lieu de « citoyenneté ». Elle a fonction de rassembler, par l’appartenance à de mêmes valeurs, des personnes en quête de « justice distributive » pour elles-mêmes. Et cette dernière ne peut exister sans « justice sociale », qui rende égales les personnes affirmant leur « sens de l’être » par le « respect humain » dans l’entreprise.
Les membres de la communauté de vie, qu’est l’entreprise, doivent développer ensemble, et non en dissonance cognitive, le « sens de l’être » requis, pour que l’activité et les affaires de cette dernière engendrent la « valeur d’être » qui permettra l’actualisation de soi pour chacun. On parle alors d’une « conception du bien commun » (Freeman, 2007), partagée en termes de « justice sociale » par tous, dans l’affirmation du « respect humain » de chacun.
Chacun a le droit à son « respect humain », dans les limites admises de celui des autres. Il découle de cela une obligation morale de « coopération sociale » (Rawls, 2005), dans l’articulation, le maintien et l’évaluation par chacun de sa « valeur d’être » et de celle des autres. En ce sens, la « justice sociale », en entreprise, n’est pas un donné de la direction seule, mais un consenti obligé par chacun des acteurs à l’endroit de tous les autres.
Le « respect humain », en entreprise, est inhérent au traitement égal des personnes entre elles. Et ce « sens du commun » confère au travail accompli, une « valeur d’être » à chacun, parce qu’il le situe à égalité avec les autres bénéficiaires comme lui de la « justice sociale » entretenue par l’ensemble dans l’entreprise.
L’égalité de traitement de chacun, par tous les autres, sert de base au « respect essentiel » (Doppelt, 2009) qu’exige un vécu démocratique de citoyenneté appuyée sur la « valeur d’être » de l’humain voulant se réaliser pleinement dans l’entreprise. Il ne peut s’affirmer de « valeur d’être » qui ajoute au « sens de soi » en entreprise, s’il y perdure un vent d’iniquité dans la considération et le traitement des autres.
Le « respect humain » n’est pas une exclusivité de la personne, mais une nécessité de la vie commune pour le genre dont on est tous inévitablement tributaires.
Chez vous, en entreprise, « l’égalité de traitement » existe qui s’applique à tout le monde, ou « l’iniquité de valeur » fait pencher la balance en faveur des privilégiés du système?