Thomas (2006) rappelle la déclaration de Peter F. Drucker (1995), dans un article qu’il a publié dans la Harvard Business Review, à l’effet que “ce que nous appelons profits, les liquidités restantes au service de l’avoir, ne sont généralement pas du profit. Jusqu’à ce que l’entreprise dégage un profit supérieur au coût de son capital versé, elle opère à perte. Peu importe qu’elle ait payé des taxes, comme si elle était réellement profitable. L’entreprise rend moins à l’économie qu’elle n’aura dévorée de ses ressources… Jusque-là, elle n’aura pas créé de la richesse, mais elle en aura détruit.”
La vraie mesure de la performance de l’entreprise, c’est le rang marché qu’elle occupera, suite au renforcement de sa base de concurrence face à ses rivales de secteur. Or, les entreprises du premier décile, dans tout secteur d’activité et d’affaires donné, doivent dégager un profit supérieur au coût de leur capital versé pour demeurer compétitives. Ce n’est donc pas le résultat d’exercice seul, qui détermine le rendement de l’entreprise, puisqu’elle pourrait avoir dégagé un profit sans avoir, dans le sens de Drucker, ajouté à la valeur globale de la société.
Le profit n’est pas une mesure d’efficience économique, jusqu’à ce qu’il ait ajouté à la valeur de la société, même s’il est tenu par la direction des entreprises comme une mesure financière justifiant leur prétention en matière de “performance”. La véritable performance, pour qu’il y ait création de richesse, tient alors de la capacité de l’entreprise à améliorer son rendement sur son cycle de vie entier. Les écarts positifs de rendement sur l’activité, imputables aux fluctuations de l’économie, ne sont pas les signes imparables d’une contribution sociale qui mérite les applaudissements gratuits de la communauté des dirigeants d’entreprise.
Tant et aussi longtemps, qu’on se plaira à confondre profit à l’actionnaire et valeur ajoutée à la société, comme on se morfond à confondre résultat d’exercice et performance sur cycle de vie, on aura droit à des discours faux sur la nature véritable des affaires de l’entreprise. Partant, le management de cette dernière suivra des avenues d’interprétation aussi insignifiantes que non-contributives de mieux-être social et de plus avoir économique.
Si, au lieu d’emplir la citrouille de chacun, de leurs discours faux et intéressés, les dirigeants apprenaient à mieux définir le management, peut-être en arriveraient-ils, globalement, à mieux comprendre l’entreprise. Ou du moins, à cesser de berner tout le monde, par leur prétention à la “performance”, à chaque retour de mesures financières découlant de leurs tactiques d’opération.
Le profit n’est pas l’objet de l’activité, comme l’a dit Drucker (1954), mais l’effet de son management. La plus-value à la société l’est, par la création (satisfaction) des besoins et attentes de mieux-être du monde.