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Le paradoxe de Jevons et le management d’entreprise

Le paradoxe de Jevons (1865) énonce « qu’à mesure que les améliorations techniques augmentent l’efficacité avec laquelle une ressource est employée, la consommation totale de cette ressource peut augmenter au lieu de diminuer ». En particulier, ce paradoxe implique que l’introduction de technologies plus efficaces en matière d’énergie peut, dans l’agrégat, augmenter la consommation totale de l’énergie. Il s’agit du cas le plus extrême de « l’effet de rebond ».

On peut penser qu’il en est de même, en management de l’entreprise, du moins à l’égard de certains dispositifs qui, normalement, devraient augmenter le rendement de l’entreprise et non pas le diminuer. En matière de « fusions/acquisitions », force est de constater que « l’amélioration de l’efficacité des techniques employées », pour mesurer le risque de perte sur la valeur de capitalisation de l’entreprise acquéreuse, semble avoir pour effet « d’augmenter la pratique de plus en plus hasardeuse des fusions/acquisitions », entre les mains des mêmes dirigeants. La raison tient du fait que les dirigeants ne soient pas tellement soucieux de réduire le risque de perte sur la capitalisation, qu’intéressés à augmenter leur domaine de juridiction (aire de contrôle). Parce que leur « performance », partant leur rémunération (salaire, options et actions confondus), est basée sur la taille du revenu de leur entreprise.

Einstein a mis en garde contre la réédition des mêmes erreurs, en dictant que « nous ne pouvons pas résoudre nos problèmes avec la même pensée que nous avions quand nous les avons créés ». Il a également dit : « si j’avais une heure pour résoudre un problème, je prendrais 55 minutes à réfléchir au problème et 5 minutes à penser aux solutions ». Et il a ajouté : « ce n’est pas que je sois si intelligent, c’est juste que je reste avec les problèmes plus longtemps ». Sans doute qu’une masse de dirigeants d’entreprise ont compris par-là, qu’Einstein « entretenait (restait avec) ses problèmes », au lieu de les résoudre comme il le devait. En fait, s’il réfléchissait si longtemps à ses problèmes, avant de leur apporter une solution, c’est justement qu’il cherchait d’autres avenues de pensée pour en traiter plus utilement à terme.

En entreprise, les mêmes modes, méthodes et pratiques de management sont reportés de projet en projet. Ce qui explique, que le rendement sur l’activité et les affaires suive une courbe d’efficience, plutôt plate que sensiblement relevée. On en voudra pour preuve les indicateurs de mesure qui sont constamment les mêmes, d’exercice en exercice, alors qu’ils sont censés suivre les variations du changement dans le marché. De fait, leur utilité tiendra des possibilités de correctifs, sur la démarche globale de mise en valeur des actifs de l’entreprise, découlant d’une pensée autre que celle les ayant retenus en premier.

Autrement dit, l’entreprise doit chercher à innover, pour ne serait-ce que maintenir son rang dans le classement-marché de son secteur, alors que sa direction recourra, elle, à la même pensée qui aura prévalue dans l’exécution de ses mandats de gestion de l’activité et des affaires. Et cela ne se limitera pas qu’aux seules fusions/acquisitions, pour inclure tous les systèmes de l’entreprise. Référant au paradoxe de Jevons, on conclura que bien que « les améliorations techniques » se multiplient, suite à la recherche universitaire en matière d’efficience sur l’activité et les affaires, « la consommation » des mêmes voies et moyens de gestion de l’entreprise fera retombée celle-ci dans l’ornière de l’échec relatif sur son potentiel total de développement-marché.

Il n’est pas que le personnel qui soit responsable du rendement de l’activité et des affaires de l’entreprise. Les dirigeants le sont bien plus et avant lui, et ce à tous égards en matière de management des voies et moyens de l’exploitation des capacités, potentialités et opportunités de l’entreprise.

Chez vous, en entreprise, « on jevonise à qui mieux mieux », ou on « déjevonise en changeant de façon de penser » pour avancer en classement-marché de l’activité et des affaires »?