Smythe (2016), parlant de l’engagement du personnel au travail, fait mention de mythes émergents à son égard, dont celui qui veut que “le management (lire: les dirigeants) sont payés, de toute manière, pour trouver toutes les réponses”. En somme, certains pensent, voire sont convaincus et tentent de convaincre les autres, qu’il ne sert à rien de s’esquinter le Canadien en emploi, puisque LA solution viendra des dirigeants, qui sont grassement payés pour le faire. Or, le manager “omniscient” n’existe pas davantage que le personnel “omnicompétent”. Tout le monde assume une tâche désignée, parce que chacun y aura été assigné en fonction du savoir requis pour l’exercer. Et quelle que soit la tâche dévolue, nul n’aura jamais le savoir universel pour en disposer, quelles que soient les difficultés qu’elle puisse un jour présenter. Il est invariablement des imprévus dans toute tâche assignée, quelle que soit l’habileté qui, au départ de l’affectation de la personne, aura permis de décider de sa fonction dans l’entreprise.
Ce qui veut dire, que le dirigeant, et pareillement du personnel dans son ensemble, “omniscient” et “omniprésent”, est, au final, “omni-casse-pied” pour les autres. Le propre de l’expertise, c’est d’être circonscrite, dans le temps et l’espace de son utilité d’application. Et si le savoir à la Vinci a été reconnu comme “universel” en son temps, les choses, de nos jours, sont singulièrement trop complexes, et souvent trop compliquées, pour en disposer depuis le savoir limité d’une seule personne. Ce qui impose, que le management, pratiqué en toute intelligification de circonstances, en soit un d’exercice d’équipe. L’activité à rendre, par l’entreprise, pour satisfaire sa mission implicite d’optimisation du service au client, requiert l’attention, l’intention et la coordination des décisions et des actes de chacun impliqué sur l’ensemble de ce qu’Il est convenu d’appeler le flux du travail. De fait, l’activité n’est pas un incident isolé, par tâches séparées d’assignation, mais bel et bien le produit d’une séquence d’interventions que l’on dénomme “chaîne de valeur” (Porter, 2015).
Ce dont a le plus besoin l’entreprise, gagnante de marché, parce que son objet lui impose non seulement l’économie des voies et moyens sur l’activité et les affaires mais également la création du client avant la concurrence, c’est d’intelligence distribuée et d’esprit d’inclusion embarquée dans tous ses projets. Le partage du risque, de l’effort ET des retombées s’impose, pour qu’elle satisfasse au mieux ces impératifs de service au marché. Or, la hiérarchisation des postes, comme celle présumée du savoir, n’a rien qui vaille à cet égard, dans l’entreprise à management intelligifié. Au lieu de chercher le génie à la pièce, par “champions de pratique en solo”, mieux vaudrait que l’entreprise cherche le génie du partage, par “engagés de la pratique d’équipe” en emploi.