Tardif (2018, p. 62), in L’intelligification de l’entreprise: Ou l’humain comme centre de l’attention, dit ceci: “L’entreprise, sous l’empire de l’approche actuelle des affaires, en vient à comptabiliser du chiffre, plutôt qu’à créer un client. Création qui imposerait, que la satisfaction de la demande en provenance de ce dernier soit comprise comme fin de l’activité et non pas comme moyen d’enrichir l’actionnaire. L’activité est de service, et non de profit. Ce qu’il faut regretter, c’est que la direction donne plus de feedback à l’actionnaire qu’au personnel. Et tant que dirigeants et administrateurs se congratuleront, on continuera de reprocher au personnel tout ce que l’entreprise n’a pu accomplir. Et ce qu’elle ne réalise pas, c’est l’intelligification de ses processus de service au marché. Si l’entreprise se donnait le feedback requis sur elle-même, c’est-à-dire s’évaluait de manière critique, sans doute qu’elle changerait vite ses modes, méthodes et pratiques d’affaires. Au total, si le feedback général se pratiquait plus régulièrement, et plus intelligemment, le personnel contribuerait davantage au produit de l’activité, parce que l’entreprise évoluerait plus organiquement au chapitre de ses modes, méthodes et pratiques d’affaires. Le rendement supérieur sur la tâche ne peut dépendre que d’une coordination intelligente, parce que déterminante de l’identité propre, de l’ensemble des politiques, programmes et projets d’affaires de l’entreprise. Or, la mission de celle-ci, qui se confirme entre les mains du prochain client, suppose l’optimisation de l’engagement des acteurs-preneurs à l’activité pour qu’il y ait optimisation du service au marché. Tout passe donc par l’intelligification du milieu du travail, pour que l’identité propre de l’entreprise soit affirmée.”
Le feedback en entreprise est le retour sur l’état d’avancement des choses la concernant, dans une perspective de progression de sa condition. Sans intelligence, donc sans sens de l’être, au lieu de tirer dans la direction avant, tous finissent pas y tirer très dans celle arrière de son état courant. Or, l’entreprise ne peut avancer sur son résultat, et donc son utilité au marché, que si elle se donne les voies et les moyens requis à la juste compréhension de son état propre. Ce n’est qu’à compter de ce qu’est l’entreprise, que son avenir peut être utilement déterminé. En d’autres mots, pour avancer, il faut d’abord qu’elle sache se situer, donc connaître sa condition réelle. Ce qui lui évitera de déraper, après avoir dégagé des efforts inutiles pour rattraper sa réalité, avant de pouvoir avancer vers ses objectifs de réalisation.
Le feedback est une communication de retour sur l’entreprise. Mais le feedback n’est pas la seule réponse au besoin de compréhension de l’entreprise. Il doit, au départ des choses, y avoir suffisamment de formation et d’information du personnel, pour qu’il sache ce que seront les prochaines étapes du développement des affaires de l’entreprise.