D’Espagnat (2015) a dit “Tout bien considéré, ni l’esprit ni le monde ne sont, après tout, cloisonnés en compartiments”. Il ajoute: “Des relations entre les divers domaines de la réflexion doivent par conséquent exister. Il suffit de les déceler”. De fait, si l’on prenait suffisamment conscience des relations existant entre les choses, comme entre les personnes et leurs institutions d’ailleurs, sans doute que l’on pourrait constater qu’elles s’expliqueraient plus facilement. Ce ne sont pas les faits seuls, qui permettent la compréhension des choses, mais les interfaces, interactions et interrelations entre elles. Tout n’existe pas dans un vacuum absolu d’être; tout, au contraire, tient d’un état d’être qui dépend de facteurs d’évolution par effet d’influence des choses les unes sur les autres.
En entreprise, il en est de même. Tout y est affaire de flux (d’échanges, par voie de circulation) des idées, des personnes et des tâches. Tout n’y tient pas du stock (de l’accumulation statique des acquis), par la consolidation des résultats passés. En fait, la mission implicite de l’entreprise, soit celle de la création du prochain client, suppose que tout devrait y être vu en termes de prospective d’avancement de sa condition (par l’innovation), et non pas en termes de rétrospective de son rendu d’activité finie (par l’addition). Le management de l’entreprise, compris en ces termes, devrait renvoyer au principe du reconditionnement des relations entre les choses et les personnes, au lieu de renvoyer au simple précepte de la comptabilisation du résultat de l’activité.
Le problème, dans l’entreprise-type, c’est que le management y tient du chiffre, et que sa pratique s’y décline en termes de bilan financier. Or, le management n’est pas d’abord et avant tout un acte comptable, mais un système intégré de relations entre les choses et les personnes qui permettent l’accomplissement d’une activité utile pour l’entreprise. Et l’utilité de l’entreprise se décante en termes de satisfaction de besoins et d’attentes d’humains, avant de se mesurer en termes d’état des résultats sur opérations courantes. Le management est à ce point dénaturé par les moyens de l’activité (le profit), que la fin sociale de l’entreprise (le mieux-être du client) s’en trouve perdante.
Une forme de cloisonnement, par compartiments des idées, des personnes et des projets, qui fait que le management a, de la sorte, l’allure d’un régime sans relation avec la réalité de la fin réelle de l’entreprise.