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La règle d’or, Celui qui a l’or décide des règles

Reinert (2004) reformule ainsi, du moins pour l’économie, la règle d’or : « Celui qui a l’or décide des règles ».

Tout le monde sait, que la « règle d’or », qui est une éthique de réciprocité de morale universelle, et qui se retrouve dans nombre de religions et de cultures (judaïsme, christianisme, islamisme, hindouiste, bouddhisme, taoïsme, confucianisme, etc.), s’énonce comme suit : « Traite les autres comme tu voudrais être traité », ou « Ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » ou encore « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ». Cette « règle » fut une inspiration de premier plan, lors de l’adoption des conventions modernes en matière de droits de l’homme.

Traitant de « croissance des économies les plus fortes depuis la Révolution industrielle », Reinert note que les pays en bénéficiant, qui, pourtant, ont construit leurs marchés à coups de protectionnisme répété, revendiquent désormais des pays émergents que ceux-là ouvrent leurs frontières à toutes formes de pénétration à l’avantage de leurs ressortissants. Et, le plus souvent, les livres d’histoire, dans les pays développés, évacuent toute mention de ce fait, bien que, comme c’est le cas aux États-Unis, on y dénonce l’état courant de la situation comme l’échec, en matière de politiques de développement, « d’économistes mal avisés » (comme E. Peshine Smith, Matthew Carey, Daniel Raymond, Alexander Everett, Calvin Colton, Francis Bowen et Stephen Colwell).

La triste vérité, c’est que, de nos jours, « la quasi-totalité des grandes entreprises du monde doivent la masse de leurs innovations les plus profitables à la profusion des programmes gouvernementaux d’investissement public » (Mazzucato, 2013) dans le « développement de leur nation d’origine » (Banque mondiale, 1986).

Les entreprises (actionnaires, administrateurs et dirigeants confondus) sont unanimes à se déclarer les seuls auteurs de tous leurs succès de marché, alors que, dans les faits, toutes n’ont eu cesse de réclamer, « depuis 1590 », (Miklethwait et Wooldridge, 2005), toutes formes d’aide inimaginables (barrières tarifaires, législations et réglementations, sans compter les subventions, allégements fiscaux et exemptions de taxes, ou encore les programmes d’investissement en technologies de haute pointe) de la part de toutes les instances publiques qui soient (locales, régionales, provinciales, nationales voire internationales). Et ne parlons pas de garanties de prêts aux exportations, ou de fonds d’exception comme le fut, aux États-Unis, le TARP (Troubled Asset Relief Program – 3 octobre 2008), dont la charge immédiate aux contribuables s’est élevée à $ 787 billions US pour un coût total final estimé à plus de $ 22 trillions US pour l’économie nationale.

La vraie « règle d’or », dans le monde de l’entreprise, c’est, effectivement, « la loi du plus fort », comme dans le monde de la mafia. Ainsi, autant dans le marché des affaires que dans le management de l’activité, et donc à l’externe comme à l’interne, la même « éthique du délestage des autres » prévaut au profit des potentats du moment. Une sorte d’impiété sociale, dédouanée par la croyance populaire, de cette infâme « stratégie du jonglement avec les faits » qui consiste à travestir impunément la réalité du plus fort en fiction d’avantage pour le plus faible.

Les dirigeants d’entreprise, et à leur renfort les élus veules de toute formation politique, invoquent ad nauseam les bienfaits de leur approche en matière de développement économique centré sur le protectionnisme, la déréglementation et la défiscalisation, alors qu’ils n’ont jamais eu qu’une seule idée en tête (quand ce n’est pas dans les pieds), soit celle de détrousser les autres pour s’en mettre plein les poches. Leur « règle d’or » veut « qu’ils soient en possession de tout l’or possible », celui qui les fait décider seuls de la répartition de la richesse après celle du pouvoir sur les autres.      

Chez vous, en société ou en entreprise, la « règle d’or » est celle conventionnelle de la « réciprocité de traitement pour et par chacun », ou est-ce celle de « l’imposture du plus fort » au détriment de tous les autres?