O’Neill (1997) rappelle que « la reconnaissance sociale en soi n’a pas de sens propre, à moins qu’elle ne soit conséquente à des objectifs de vie auxquels on attache soi-même de la valeur ».
Ce qui signifie, que la valorisation de la « reconnaissance sociale », et donc celle des autres à son propre endroit, dépend de son appréciation personnelle du savoir que cette dernière suppose. Parce qu’il n’existe pas de valeur prédéfinie, non plus que terminale, en la matière. Tout est question « de perception et d’interprétation » (Deranty et Renault, 2007) du sens que l’on imputera à la « reconnaissance de soi » (et donc sociale) par les autres.
Mais la reconnaissance par les autres n’en demeure pas moins importante à l’équilibre émotif (partant psycho-social) de chacun, surtout en milieu de « réalisation de soi », comme l’est celui de l’entreprise à fin souscrite et assumée à l’avantage des autres (ce qui comprendra l’ensemble de ses parties prenantes et non pas que le seul client et surtout pas le seul actionnaire).
L’utilité de chacun, dont dépendra « l’estime de soi », est sans doute teintée par la subjectivité de son jugement en matière de contribution au mieux-être des autres. Mais la « reconnaissance sociale », elle, sera empreinte par l’objectivité de l’appréciation des autres sur la valeur d’apport de chacun à leur condition propre. En somme, chacun sera propriétaire de ses jugements d’utilité face aux autres, mais les autres seront garants de sa propre « reconnaissance sociale ».
Or, nul humain n’a de valeur d’appréciation de lui-même, sauf à souffrir d’une tare psychique, qui soit totalement contraire à ses intérêts de stabilité sociale. De fait, l’humain, qui est et demeure un « animal social » (Aristote), tente généralement d’équilibrer « estime de soi » et « reconnaissance sociale » par les autres.
Si personne ne veut se diminuer à ses propres yeux, nul n’entend être la cause de sa sous-estimation par les autres, parce qu’il aura lui-même entretenu des critères d’appréciation de la « reconnaissance sociale » qui contreviendraient foncièrement au sens de l’utilité des choses reconnue par les autres. En d’autres mots, « la reconnaissance sociale » n’aura de sens valable pour chacun, qu’à raison des objectifs de vie auxquels il attachera lui-même une valeur le satisfaisant, mais qui concordera sensiblement avec celle que leur imputeront les autres.
Rien ne sert à personne de déprécier la « valeur de la vie », par sa propre dépréciation du « sens de la vie » (Arneson, 2000). Or, ni la valeur de la vie ni le sens de la vie ne sont le propre d’un seul individu, si sublime s’estime-t-il lui-même, où qu’il soit.
En entreprise, « la reconnaissance sociale » est déterminante de culture intégrée, pour les personnes assumant ses mandats d’activité et d’affaires. Ce qui suppose, que dans l’ensemble, chacun concerné partagera un entendement réconciliable en matière d’utilité d’apport social au mieux-être des autres. Et donc, « les objectifs de vie » de l’ensemble des acteurs dans l’entreprise agiront comme commun dénominateur de « la valeur à attacher à la reconnaissance sociale » par chacun, pris individuellement.
Ainsi, chacun sera individuellement l’auteur de ses jugements sur l’utilité des autres, bien que tous seront collectivement responsables de la « reconnaissance sociale » des autres. Le raccord des intérêts de chacun dans l’ensemble devra l’emporter sur la dissidence d’aucuns, sans quoi l’entreprise risquera d’être moins un lieu de « reconnaissance sociale » qu’un espace-temps de « dissonance cognitive ».
Chez vous, en entreprise, « la reconnaissance sociale », sur laquelle repose « l’estime de soi » pour chacun, est chose vérifiable, ou la « dissonance cognitive » l’emporte sur le sens commun des intérêts du plus grand nombre?