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La pluralité des institutions engendre des infrastructures de responsabilité; celles-ci facilitent l’expression de nos rôles particuliers, ceux qui forment la base indispensable à notre conception mutuelle des choses

Scheffler (2006) signale que « la pluralité des institutions engendre des infrastructures de responsabilité; celles-ci facilitent l’expression de nos rôles particuliers, ceux qui forment la base indispensable à notre conception mutuelle des choses ».

La majeure partie du travail, que nous accomplissons en entreprise, est lié au développement et au maintien des « institutions sociales » qui concernent notre vie commune, comme employé de l’entreprise qui retient nos services (Arendt, 1958). Nous y fabriquons des « structures de relations », qui nous font y entretenir des rapports sociaux qui qualifient la vie qui nous y unit.

En somme, nos expériences de travail sont le fondement de nos « institutions de vie collective », ce qui nous fournit les bases de l’attachement social à l’entreprise qui nous permet de nous épanouir comme personnes. Et nous avons besoin de nous réaliser par le travail, parce que ce dernier exprime notre capacité à dépasser notre condition d’humain utile au groupe auquel nous appartenons.

Quant aux « rôles particuliers » qui sont nôtres dans l’entreprise, ils sont « la preuve de notre capacité d’être, d’avoir et d’agir » (Tardif, 2018), comme personnes autonomes. Et donc, comme contributeurs de renforcement des « infrastructures de responsabilité », qui sont nécessaires au maintien des valeurs d’appartenance sociale qui nous lient aux autres personnes que comprendra l’entreprise. Et plus ces valeurs seront fortement souscrites par l’ensemble des personnes dans le corps de travail qu’est l’entreprise, plus le sens de la communauté d’intérêts se raffermira au sein de cette dernière.

Or, les humains ont tous besoin de se sentir appréciés dans leur milieu de réalisation propre, et donc ont tendance à trouver des motifs de rapprochement avec les autres en entreprise. Ce qui resserre les liens entre eux et facilite la création « d’infrastructures de responsabilité » propices à l’émergence d’une « conception mutuelle des choses », ce que l’on qualifie généralement de culture organisationnelle forte. Et cette culture, qui est de convergence d’intérêts, est d’autant plus riche et productive de résultat supérieur, au chapitre des mécanismes d’actualisation de chacun concerné, qu’elle « facilite l’expression de rôles particuliers ». Autrement dit, la culture est la réalité d’expression composite de l’ensemble des personnes, dans la spécificité d’être de chacun des membres de la communauté sociale que forme l’entreprise.

En matière d’activité et d’affaires de l’entreprise, il en est de même. La fin de l’entreprise doit être révélatrice de l’expression composite des contributions de chacun dans l’accomplissement de l’activité et des affaires de cette dernière. Et ce, sans que pour autant ne soit oblitérée la spécificité des voies et moyens d’exécution de l’activité et des affaires de l’entreprise. Sans quoi, il n’existera plus de « rôles particuliers » s’exprimant dans le corps d’activité et d’affaires de l’entreprise, mais que des routines sans valeur d’actualisation pour qui les posera.

De fait, dans l’entreprise automatisée on ne saurait relever « d’infrastructures de responsabilité » facilitant « l’expression de rôles particuliers ». Or, l’entreprise ainsi dépersonnalisée se révélera moins un corps d’action suscitant l’appartenance sociale de chacun y œuvrant, qu’un instrument de nivellement des différences entre acteurs-preneurs à l’actualisation de soi dans le milieu du travail qu’elle constituera. Et l’actualisation de soi passe inexorablement par la différence de soi, ce que les « rôles particuliers » assumés par chacun doivent supposer, s’il doit y avoir une « conception mutuelle des choses » entre les personnes de l’entreprise. Or, rien ne servirait de prétendre mutualiser quoi que ce soit, dans une entreprise qui serait déjà exempte de différence entre les personnes la composant au départ de son activité et de ses affaires.         

Chez vous, en entreprise, « la pluralité des institutions engendre des infrastructures de responsabilité qui facilitent l’expression de rôles particuliers qui forment la base indispensable à la conception mutuelle des choses » pour son personnel, ou « tout y est standardisé au point d’oblitérer toutes différences d’état d’être, d’avoir et d’agir entre les personnes qu’elle comprendra »?