Cashman (2017) cite Abraham Lincoln qui a dit: “La personnalité est comme un arbre, et la réputation son ombre. L’ombre est ce que l’on pense de la personnalité; l’arbre est la véritable référence”.
Dans la foulée de mon post précédent (ce même jour), on dira que l’image du soi projeté dépasse d’ordinaire la condition réelle d’état d’être de soi. Nous sommes, pour ainsi dire, plus grand que nature. Notre projection de nous-même a l’allure d’une référence démesurée de notre vraie personne. Nous préférons nous référencer nous-même, par l’exagération de la portée de notre personne, ne serait-ce que pour nous épargner l’inconfort de l’admission de nos limites comme humain. Or, tout le monde acquiescera volontiers à l’affirmation qui veut que l’humain, par nature, partant par définition comme par destination, est imparfait, et donc sujet à perfectionnement. Le problème n’est pas dans le rejet de notre incomplétude, mais dans l’habitude de notre complaisance personnelle à nous traduire en plus complet et en plus sublime que nous ne le sommes vraiment.
Quant à l’entreprise, la “réputation” de “l’arbre” qu’elle est, dans le décor économique auquel elle participe, projette d’elle-même une “ombre” à portée de “personnalité” plus étendue que la “référence” que lui vaudrait honnêtement son apport à l’enrichissement de celui-ci. Soit, l’entreprise doit mieux paraître, pour mieux servir, dans une perspective d’ajout, par l’innovation, à son utilité au marché. Parce qu’elle ne peut tout être et tout avoir, pour satisfaire la demande potentielle de son marché. Même si elle doit évoluer en réponse au changement observé de son marché, elle doit également demeurer réaliste, et ne pas promettre d’elle-même ce qu’elle ne peut dégager par elle-même.
Étrangement, en management interne de l’activité, ce que la direction de l’entreprise aura admis en externe comme limite à ses capacités d’ajustement, par rapport à la demande de son marché, elle l’exigera de son personnel. En d’autres mots, elle imposera à son personnel plus qu’il n’est raisonnable d’attendre de lui, alors qu’elle-même aura avisé son client qu’elle ne peut être tout ce qu’il pourrait escompter d’elle. Non pas que l’entreprise veuille confiner son action à la réédition des choses, mais qu’elle prendra conscience qu’il ne lui est pas possible d’être tout à la fois. Pourtant, c’est bien ce qu’elle commandera de la part de son personnel, bien qu’elle ne lui rendra pas justice en le compensant convenablement, après lui avoir forcé la main en l’obligeant à “projeter” plus que son “ombre” en termes de travail à livrer.
Chez vous, l’entreprise restitue une “ombre” à la mesure de sa “personnalité”, ou elle projette une “ombre” surdimensionnée de sa “personnalité”?
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