You are currently viewing La perception et la raison en management d’entreprise

La perception et la raison en management d’entreprise

Williams (2022) cite Parménide d’Élée (fin du VIe et milieu du Ve siècle av. J-C.) qui, au regard de la “pensée correcte”, ne laissa aucunement prise aux “faussetés”, “délires” et “croyances irraisonnées”, ce qu’il reléguait d’ailleurs dans le domaine des “apparences” bien plus que dans le monde franc de la “des faits”. Selon Parménide, on doit faire une distinction entre le “sens de la perception” et la “raison”, le premier étant sujet au “délire des apparences”, alors que la “réalité”, elle, permet de saisir, par la “raison”, le sens vrai des choses. Il demeure, que l’on sait, depuis lors, que les sens cachent souvent la vérité, alors que la raison la révèle, bien que les “apparences”, qui ne rendent pas justice aux “faits”, soient partie imparable de la réalité du vécu de l’humain. D’ailleurs, le physicien F. H. Bradley (1846-1924) insistait sur le fait que les “apparences” sont partie intégrante de notre “réalité”, comme humain.

En entreprise, le modèle courant de management, à travers le régime de mesures, et donc d’évaluation du rendement d’opération, repose, pour l’essentiel, pour ne pas dire exclusivement, sur les indices du passé des affaires, alors que la mission de cette première lui impose manifestement la gestion de son avenir, par modes, méthodes et pratiques innovants sur son activité. En quelque sorte, l’entreprise mise sur les “apparences” de rendement sur ses capacités, potentialités et opportunités d’avancement en marché, au lieu de plancher sur la “raison” du changement permanent de son principe d’organisation du travail. L’entreprise en vient à s’enliser, d’elle-même, dans un maëlstrom de mesures de sortie de système (les volumes, temps et unités de coûts des opérations), au lieu d’émerger du peloton de la concurrence dans le marché, par l’intelligence (la brillance) de ses innovations managériales.

Le tort vient, en grande partie, voire uniquement, de la fixation maladive de l’entreprise (lire: de sa direction) sur le profit d’exploitation. Or, les avancées de marché, que lui impose pourtant sa mission implicite d’optimisation de ses ressources dans le service au client, commandent d’elle des innovations sur son système de gestion de l’activité, pour que ses affaires s’en trouvent rehaussées d’autant en termes de rendement financier. Ce qui explique, qu’à demeurer ancrée dans ses “perceptions” du marché, elle ignore la ‘”réalité” de son management. Un management rétrograde, au lieu d’une gestion avant-gardiste.

La juste “raison” de l’entreprise réside dans le potentiel d’actualisation de ses acteurs-preneurs à son activité, ce qu’elle met en échec, par le management arriéré qu’elle entretient, en gérant des contraintes de travail plutôt que de la libération d’initiatives (d’esprit) chez son personnel.