Ziegler (2018) signale que “l’actif du bilan de la société pétrolière ExxonMobil est supérieur au produit intérieur brut (PIB) de l’Autriche, celui de General Motors dépasse le PIB du Danemark”.
En 2019, ExxonMobil comptait 74 900 employés, l’Autriche 8 955 108 d’habitants. Toujours en 2019, General Motors comptait 164 000 employés, le Danemark 5 771 876 d’habitants. En 2016, le 50 best companies to work for de Indiser classait ExxonMobil 38, en termes de satisfaction au travail du personnel avec un taux de 72 %. Chevron, avec 61 000 employés faisait mieux, avec 81 %. Par ailleurs, le OCDE Better Life Index attribuait 7,2 (sur 10) à l’Autriche, 7,5 au Danemark (la Suède enregistrait 7,3, la Norvège 7,3 et la Finlande 7,9), alors que les USA n’affichaient que 7,0.
Je n’ai pas l’intention de comparer ad infinitum ExxonMobil et GM d’une part, et l’Autriche et le Danemark d’autre part. Ce dont je veux traiter, ici, c’est de la taille et de l’efficience des “organisations”. Les grandes publications ont l’habitude de “lister” les entreprises à compter de la taille de leur revenu, de leur personnel et de leur profit. Or, l’objet de toute entreprise ne consiste pas à croître, mais à servir. Ce qui suppose que ce dont on devrait traiter, avant toute chose, c’est de la capacité réelle des “organisations”, surtout lorsqu’on les compare en termes d’efficience globale, à “servir”. Et le service, au regard des entreprises comme des pays d’ailleurs, ne se décline pas en mesures économiques uniquement, mais en utilité sociale d’abord. De fait, le pays comme l’entreprise sont des instances d’encadrement du vécu de l’humain. Et l’humain est un être social, bien qu’il consomme des biens et des services tout au cours de sa vie.
Les entreprises se soucient moins de la mesure de satisfaction de leur monde, que de la taille de leur revenu et de leur profit. Ce qui déporte la fin de l’entreprise en queue de préoccupation, alors que cela place en tête d’intérêt les voies et les moyens de l’activité. Étrangement, le personnel de l’entreprise, pour dégager du rendement supérieur sur l’activité doit d’abord s’engager à le faire. Ce qui dépend de sa condition de satisfaction, en instance d’emploi. Facteur qui ne donne jamais prise à quelque mesure que ce soit, surtout comparative de marché, dans les rapports annuels des entreprises. Mais la taille de l’entreprise, sous tous ses rapports, importera à sa direction. Or, les entreprises qui dégagent les taux de rendement les plus élevés qui soient sont d’ordinaire celles qui comptent le personnel le plus engagé à la tâche. Partant le plus satisfait, heureux, au travail.
Savoir mesurer du service utile, dans l’entreprise concurrentielle, commence par savoir distinguer entre la fin et les moyens… entre les chiffres et les personnes.