Yeoman (2014) cite Schooler (2007) qui dit que : « Être capable d’entreprendre une tâche complexe, soit un travail qui exige l’autonomie et le jugement, dépend de la localisation de l’emploi dans la structure sociale ».
Bambra (2011), pour sa part, affirme que « les polarités de la tâche et du contexte socio-économique dans lequel se situe le travail qu’elle suppose jouent un rôle fondamental dans l’émergence des inégalités et de la mortalité des populations ».
De fait, l’environnement du travail influe sur le comportement des acteurs, au sein de l’entreprise, et donc sur leur condition d’être. Parce le mieux-être de ceux-ci en découle, et que leur engagement à la tâche est éminemment dépendant du contexte du travail et des conditions générales d’exécution de la tâche qui leur est assignée.
La forme du travail, et plus encore le fond du travail, agit sur son exécution, et donc sur les dispositions engagées pour l’accomplir par qui l’exécutera. En quelque sorte, les capacités, potentialités et opportunités de l’exécutant de la tâche seront augmentées ou diminuées en fonction de l’influence sur ce dernier de la structure sociale et économique qui les inclura. Nul n’exécute jamais une tâche, dans l’abstraction complète des facteurs physiques et psychologiques qui agiront sur le travail qu’elle supposera. Le travail n’est pas une gestuelle coupée de la réalité environnementale où il s’effectuera. Au contraire, il est la résultante de décisions et d’actes circonstanciés et contextualisés influant sur le comportement de la personne exécutant le travail.
La culture organisationnelle (le contexte du travail) et le climat du travail (les conditions générales de son exécution) sont des déterminants de l’ajustement des comportements de ceux et de celles qui devront exécuter la tâche associée à leurs mandats d’emploi dans l’entreprise. Ce qui signifie, que le travail est, au terme de son accomplissement, une expérience de vie personnelle et professionnelle, pour qui l’assumera pleinement.
D’où l’importance, pour un rendement supérieur sur les opérations, que supposent l’activité et les affaires de l’entreprise, que le travail ait un « sens social et économique » pour ceux et celles qui l’accompliront. En d’autres mots, que ces derniers retirent de leur travail le sentiment très net qu’il contribuera à leur épanouissement comme personnes (Sen, 2009).
Et le « travail complexe », celui qui exigera « pensée » et « jugement » (Schooler, 2007) pour son accomplissement, partant l’investissement complet de son chargé d’exécution, non seulement se situera-t-il dans un contexte et des conditions propices à l’actualisation de ce dernier, mais supposera l’exercice de l’autonomie de décisions et d’actes de sa part.
En somme, le travail sera exigeant, parce que « complexe », et c’est cette condition qui sollicitera le talent entier de son exécutant. Et se réaliser pleinement, ce qu’il est convenu d’appeler « s’actualiser », pour l’exécutant de toute tâche en entreprise, supposera le dépassement de son acquis d’habileté antérieure à rendre ses mandats d’emploi. En d’autres mots, à innover sur sa tâche, et donc à se rendre manifestement plus utile, en termes de contribution personnalisée sur le travail assumé.
Nul n’aime reprendre constamment la même chose. Chacun veut s’améliorer, pour exercer son plein potentiel de contribution au rendu d’activité et d’affaires de l’entreprise retenant ses services. Ce qui imposera un « travail complexe », de même que des contexte et conditions de réalisation propices à « l’actualisation de soi », pour ceux et celles assignés à son exécution.
Chez vous, en entreprise, le « travail est complexe », et repose sur une structure sociale et économique qui sollicite « l’autonomie à la tâche », ou il suppose la « réédition constante des mêmes décisions et actes » de la part de qui doit l’exécuter?