Klein (2005), dit de Werner Heisenberg, qui s’intéressait à ce que font les atomes, plutôt qu’à ce qu’ils sont vraiment, qu’il parlait, en 1925, du “saut quantique”, pour désigner “le passage d’un électron d’un niveau d’énergie à un autre, avec émission d’un photon emportant la différence d’énergie”. Klein ajoute: “Mais il (était) impossible, pour Heisenberg, de se représenter un tel saut, dans l’espace et dans le temps. Il (s’agissait) donc d’un événement non visualisable, ce qui ne plaisait pas du tout à Schrödinger”.
Je n’ai pas l’intention de disputer les notions de physique quantique. Ce que je pense, par ailleurs, c’est qu’il y a là un rapprochement à faire avec le monde concret, partant visible le plus souvent, de l’entreprise. Bien que son management, lui, ne soit pas, comme tel, “visualisable”, parce que parfaitement immatériel, il demeure qu’il doive supposer, pour que la mission implicite soit satisfaite (soit celle de créer le client avant la concurrence), des “sauts quantiques”, au chapitre des modes, méthodes et pratiques de l’activité et des affaires de l’entreprise. En somme, il doit y avoir “passage d’un niveau d’énergie à un autre”, avec émission de différenciation suffisamment marquée sur la qualité du rendu du management de cette dernière, pour qu’elle emporte le marché visé.
Ce qui suppose, que le management sera en fluctuation constante sur lui-même, si l’entreprise doit passer d’un niveau d’utilité au marché à un autre. Cette obligation s’imposera à l’entreprise, si celle-ci veut effectivement demeurer créatrice de clients. Or, sa mission implicite dicte, qu’elle doive satisfaire de manière optimale le prochain client, pour justement l’avoir créé avant que ses rivales de marché ne le fassent à sa place. Ainsi, le management n’est pas une affaire de réédition des stratégies de marché ou de reconduction des structures de fonctionnement internes de l’entreprise. C’est, au contraire, un exercice de passage obligé, et constant, d’un “niveau d’énergie à un autre”, en matière d’innovation sur les voies et moyens de l’offre au client. Et pour ce faire, l’entreprise doit compter sur la capacité de changement de son monde, puisque celui-ci répondra seul de son efficience à satisfaire à cet impératif de marché.
Le problème, c’est que chacun parle de changement, sans que personne ne sache préciser exactement de quoi retourne le principe du “saut quantique” en management de l’activité et des affaires dans son entreprise propre. Tous s’en remettent à des notions générales, alors que l’objet du marché à créer suppose la spécificité de l’offre, par la différenciation marquée des modes, méthodes et pratiques de sa réalisation par l’entreprise. Le management finit alors par relever davantage du “saut fictif” que de ressortir du “saut quantique” de l’entrepreneuriat.