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Du management des coûts et de l’inefficience

Le Texier (2022) note que “La littérature sur le management moderne se préoccupe peu du profit. Il est évident, selon l’ingénieur Slater Lewis (1896), ‘que la rapidité, l’efficacité et la perfection d’une organisation doivent faire l’objet de beaucoup de soins, voire d’une attention prépondérante, au détriment des prétentions au profit et aux dividendes’. L’ingénieur de l’efficacité Harington Emerson (1908) critique pour son compte les économistes au prétexte qu’ils ‘ont prêché la parcimonie, pas l’efficacité’. Pour lui, ‘des coûts élevés et l’inefficacité sont deux choses différentes. Des coûts élevés peuvent coexister avec une grande efficacité, et des coûts bas avec une faible efficacité’. Or, de conclure Le Texier, ce qui intéresse au premier chef un manager, c’est l’efficacité.”

Cela remonte loin, dans l’histoire du management et de ses publications. Depuis lors, les écrits insistant sur la dimension financière, incluant le profit, se sont multipliés. On peut, sans doute, prétendre encore, que l’appel au profit est moins prégnant dans les ouvrages de recherche, que dans les revues économiques et financières. Chose certaine, les entreprises, elles, à travers leurs dirigeants, empestent le discours public de “profit” et de “valeur ajoutée à l’actionnaire”.

Andre Spicer (2014), professeur de comportement organisationnel à la Cass Business School (Londres), et directeur d’Ethos: The Centre for Responsible Enterprise, s’exprimait ainsi (CNN): “Si vous demandez à une classe d’aspirants managers, dans une école de gestion, quel est l’objet de l’entreprise, vous obtiendrez rapidement la réponse suivante: la maximisation de la valeur à l’actionnaire”. Or, Jack Welch, ancien CEO de GE (1981-2001) en a dit ceci: “la maximisation de la valeur à l’actionnaire est l’idée la plus stupide au monde”. La fin de l’entreprise, comme l’a énoncé Peter F. Drucker (1954), est la création (satisfaction) du client, sans qui il n’est pas d’activité ou d’affaires viables pour l’entreprise.

Le problème, c’est que la valeur à l’actionnaire, et, pire encore, le profit, est l’objet de la fixation des dirigeants, dont les émoluments sont fonction non pas de l’efficacité de l’entreprise ou de l’efficience de ses opérations, mais de la taille de celles-ci. Ce qui, pour eux, s’apprécient en quantité et non en qualité.

En ce qui concerne le profit comme tel, il tombe sous le sens, du moins cela devrait-il être le cas, qu’une entreprise peut dégager une marge bénéficiaire tout en étant, techniquement, en faillite. C’est-à-dire, qu’elle ne pourra éponger ses charges fixes, du défaut de fonds suffisants pour y arriver. Ce qui ne déporte pas pour autant le profit de sa position de moyens d’activité vers la fin de l’entreprise. Cela veut dire, que l’efficience de la gestion des opérations n’aura pas été à la hauteur du service attendu par le marché, pour que l’offre de l’entreprise soit suffisamment préférée par le client face à celle de ses rivales de marché.