D’Espagnat (2015), note que Bohr fut le principal artisan de ce que l’on nomme souvent “l’interprétation de Copenhague” (1927). “Laquelle était jusqu’à une date récente admise sans discussion par la quasi-totalité des physiciens”, et qui veut que la science, qui n’a pas “pour mission de tenter de décrire… une réalité donnée et intrinsèque”, se définit tout de même “comme une oeuvre de communication entre les hommes”.
On pourrait en dire autant, en management de l’entreprise. Même s’il n’existe pas “d’interprétation de Copenhague”, à son égard, on peut dire que “le management est une communication entre les hommes”. De fait, il repose sur une logique exécutable, partant un entendement partagé, du déroulement d’une séquence de travail, dont l’essentiel, pour un résultat conséquent des opérations, vise l’économie des voies et moyens de l’activité et des affaires de l’entreprise. Or, avant de produire, il faut communiquer, non seulement l’objectif à atteindre par le travail à accomplir, mais encore les modes, méthodes et pratiques de gestion des ressources susceptibles de dégager le résultat attendu au terme de l’exercice.
En cela, la communication fait partie des “technologies” auxquelles recourt l’entreprise, pour exécuter ses mandats de marché. Et pour revenir au post précédent (L’environnement détermine le comportement des acteurs – 29-08-2022), en paraphrasant Le Texier qui dit que “plus une société se technicise plus elle se managérialise”, on pourrait dire que “plus une entreprise se managérialise, plus elle doit (se) communiquer”. Or, les termes du management sont, dans l’ensemble du monde entrepreneurial, confondus à qui mieux mieux. On use “d’alternative words”, soi-disant pour traduire (expliquer) de mêmes concepts, notions et systèmes. Ce qui fait dérailler le train de l’économie du régime de production qu’est l’entreprise, en ce sens que son activité et ses affaire finissent par manquer de cohérence (dans le discours) et de cohésion (dans l’action).
Sans imaginer une Académie française du management, on pourrait tout au moins s’entendre pour mieux cadrer la langue dont il use. En fait, la fonction du management n’est pas de réinventer la langue voire la communication, mais de dégager, depuis un discours plus cohérent et une action plus cohésive, une qualité supérieure de service au marché. En d’autres mots, au lieu de “néologiser la langue du management”, on ferait mieux de “formuler le management et l’entreprise dans une langue mieux comprise parce que mieux souscrite”, pour vouer l’essentiel de nos préoccupations à trouver de nouvelles technologies de production et de nouveaux modes, méthodes et pratiques du travail.
Lire : Mieux définir le management : Pour mieux comprendre l’entreprise
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