Le Texier (2022) dit ceci: “Leur grande envergure est moins le produit du génie managérial de leurs dirigeants que la conséquence involontaire de leur manque d’imagination”. Il traitait alors des entreprises au XIXe siècle aux États-Unis, suite à la concentration des capitaux et des capacités productives, que ne parvenaient pas à freiner le Sherman Act de 1890 ni le Bureau of Corporation créé treize ans plus tard. Il ajoutait: “Ces combinaisons d’entreprises (avaient) une visée pécuniaire: il ne (s’agissait) pas de contrôler ou d’organiser la production plus efficacement, mais, avant tout, de réaliser une confortable plus-value au moyen d’un plan astucieux de capitalisation ou de recapitalisation. Loin de représenter de belles mécaniques managériales, les cartels restent, dans l’ensemble, des structures branlantes dont la direction est marquée par l’improvisation, les atavismes patriarcaux, l’empreinte très personnelle d’un ou deux dirigeants…”
On a dénoncé, en 2008, les “too big to fail”, ces institutions financières démesurément constituées grâce à la “déréglementation” ourdie par le milieu bancaire et entérinée par des gouvernements veules. Or, suite au renflouement “obligé” de leurs opérations en 2010, grâce à la contribution fiscale des autres, elles sont devenues plus grosses. Et les “intentions annoncées de les mieux encadrer”, par tant et plus d’éminents politiques, se sont évanouies, sous les menaces discrètes, mais combien percutantes, de leurs dirigeants, à l’endroit des administrations publiques trop “audacieuses” en promesses électorales.
Le problème, c’est qu’on ne parle pas de la surconcentration du capital, partant de l’appareil global de production, dans chacun des secteurs de l’économie. Or, dans la quasi-totalité des cas, trois ou quatre entreprises seulement dominent, à raison de 60 %, voire 90 %, de l’activité. Bien sûr, lorsqu’on fait le décompte de l’ensemble des entreprises, dans tout secteur donné, elles ne représentent qu’une fraction ridicule du total. Ce qui veut dire, qu’une kyrielle d’entreprises lilliputiennes se disputent les miettes restantes de l’activité. Non seulement ladite surconcentration est-elle défavorable à la saine gestion de l’avoir collectif en ressources diverses, mais elle freinent les avancées de mieux-être humain réparti entre tous.
La taille des entreprises n’est pas à la mesure de la rationalité managériale de leurs capacités, potentialités et opportunités. Melman et Bendix (1951) ont compris, qu’il n’y avait “aucune relation causale entre la taille d’une organisation et le degré de rationalité de ses décisions”, et même “trouvé une corrélation inverse”.
PerformInfo inc. estime, que si le capital était distribué entre tous les acteurs dans l’entreprise, il ne serait pas nécessaire de compter sur la taille infinie de leurs structures d’opération pour dégager un rendement extraordinairement élevé sur leur capital versé”.