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De la physique, de la métaphysique et du management

Klein (2005) signale que, “Seule, la physique est incapable de se tenir sur ses jambes. Elle a besoin d’une métaphysique qui la soutienne”. Rappelons, que la métaphysique est la science de l’être en tant qu’être; la recherche et l’étude des premiers principes et des causes premières, de même que la connaissance rationnelle des réalités transcendantes et des choses telles qu’en elles-mêmes. En somme, c’est une conception propre à un philosophe particulier, dans ses domaines spécifiques d’intervention. Et donc, pour comprendre son univers matériel, chacun doit tenter de comprendre celui “immanent” de sa condition d’être.

En entreprise, partant en management de son activité et de ses affaires, l’attention est généralement vouée toute entière à l’évaluation de ses manifestations matérielles. La dimension physique de son état. Bien sûr, c’est sur ce matériau, que les décisions et les actes de service au marché vont porter. Pourtant, la dimension métaphysique de l’entreprise, comme de son management d’ailleurs, c’est-à-dire sa raison d’être, comme principe de son utilité au marché, doit être préalablement comprise, et donc déclinée correctement, pour que les moyens de son action s’inscrivent dans la foulée de sa mission. Or, les dirigeants, qui se veulent éminemment pragmatiques en tout point, portent généralement peu d’attention aux choses de la métaphysique de l’entreprise et de son management.

La direction de l’entreprise ne cherche pas tant à développer une philosophie du service au marché, axée sur le principe de la mission à accomplir à l’avantage du client, qu’elle n’entend donner raison aux objectifs d’utilisation des ressources matérielles dont cette dernière disposera pour générer son activité et ses affaires. En somme, la direction fait une fixation sur les voies et les moyens de l’activité, au lieu de s’interroger sur la fin de l’entreprise. Une fin qui se déclinera en création (satisfaction) du prochain client, au lieu de s’exprimer uniquement en taux annuel de profit sur l’exercice. Ce qui explique qu’elle interprète le profit comme la fin de l’entreprise, alors qu’il n’est qu’un moyen de prorogation de la raison d’être de celle-ci par service au marché interposé.

Il manque effroyablement de “métaphysique” dans le monde de l’entreprise, pour la “physique” qu’on y met à risque tous les jours. Or, comme l’a si bien dit Kurt Lewin: “Il n’y a rien de plus pratique qu’une bonne théorie”. Parce que toute décision, tout acte, découle fatalement d’une théorie de son auteur, qu’il en soit conscient ou non. Et les décisions et les actes les plus porteurs sont encore ceux fondés sur l’intelligence préalable des situations. Agir sans avoir pensé en premier, c’est accuser une déperdition sur son résultat avant même d’avoir dépensé pour réaliser ses projets.