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Comparé à ce que nous devrions être, nous ne sommes qu’à demi conscient

Cashman (2017) cite William James qui dit : « Comparé à ce que nous devrions être, nous ne sommes qu’à demi conscient. » Et on en revient sur le thème de mes derniers post, la « maîtrise de soi ». Cashman rappelle qu’il y a trois types d’expérience de la conscience chez l’humain : 1) l’éveil; 2) le rêve; 3) le sommeil. Chacun a son niveau unique de mesurabilité de fonctionnement physiologique. Or, « être », soit l’état de possession de soi-même, est un quatrième type parfaitement distinct. Parce qu’il commande la présence d’esprit de sa condition propre, et donc une « maîtrise de soi » assumée. Ce qui vient, plus sûrement, comme je l’ai mentionné dans mon post précédent – En vous il y le calme et le sanctuaire de retraite où vous retrouver chaque fois, lorsque le « calme » du retour sur soi-même existe, il donc qu’il y a réflexion appropriée sur sa condition réelle, en vue d’une plus juste maîtrise de soi.

Nous vivons à l’ère de la « diffusion » de ses états d’âme, bien plus qu’à celle de la « maîtrise » de ses émotions. Chacun voudrait influencer le discours à sa manière, et faire en sorte qu’il laisse son empreinte sur le reste du monde, pour qu’il conserve le souvenir de son passage et de ses enseignements. Or, s’il doit y avoir discours, il doit fatalement y avoir auditeurs. Dès lors que tous s’expriment, et que personne n’écoute, il n’est plus de discours véritable, dans le sens d’une communication, mais qu’un débit de paroles qui remplit le décor médiatique de diffusion sans emplir l’esprit de qui d’autre le meublera.

En entreprise, peut-être plus qu’ailleurs, parce que la division du travail à laquelle donne lieu la hiérarchisation du pouvoir, on est plus souvent qu’autrement « à demi conscient » de ce que nous sommes collectivement. Ce qui fait, qu’on n’arrive pas à saisir le sens de ce que l’on devrait être. Tout est dans la poussée de l’instant présent, en quantité plus qu’en qualité, et rien ou presque n’est en intériorité de pensée sur sa condition courante et sur son devoir d’amélioration de soi. Le regard est tourné vers les autres, non dans l’intention d’un service optimal à leur intention, mais d’un profit à tirer d’eux. Au lieu de « comparer ce que nous sommes » à ce que nous devrions être, on s’entête à demeurer à demi conscient de notre condition et de notre obligation de contribution au mieux-être des autres.

L’entreprise n’est pas, n’a jamais été, une instance d’enrichissement délibéré au détriment des autres, comme elle a toujours été, et sera toujours, une voie d’actualisation de ses parties prenantes. Ce qui n’est pas entendu, chez la majorité des entreprises, qui estiment que les moyens (le profit) doivent dominer la fin (le service). En somme, la distorsion vient du fait, que tous ou presque confondent le « service » aux autres et « l’asservissement » des autres. Le jugement peut sembler dur, et il l’est. Le problème, c’est qu’il traduit un état d’être généralisé, qui a tout de la déshumanisation de la personne, alors que l’entreprise se pourfend à « vendre » des « énoncés de valeurs » qui proclament l’inverse.

Chez vous, en entreprise, on est « pleinement conscient » ou à « demi conscient » de qui l’on est, et surtout de qui l’on devrait être?