Bronner (2022) dit ceci: “…peu à peu on va abandonner l’idée de singer le fonctionnement de l’esprit humain pour miser sur la force brute de la machine”. Or, ce que l’on constate, c’est que la machine semble être le modèle adopté par une majorité d’entreprises, qui veulent calquer, en quelque sorte, l’humain sur elle. En imposant des cadences de travail sans temps de repos, comme si l’humain n’avait jamais besoin de se restaurer, et le corps et l’esprit, pour mieux disposer de son talent à la tâche. Or, comme le signale Bronner “l’escalade de la vitesse de calcul (de la machine) ne fait que commencer”. Quant à l’humain, sa capacité d’adaptation, à cet égard, est limitée par son temps de récupération sur lui-même, pour restaurer ses forces. Sans compter, qu’il n’est pas ajustable à volonté, mais adaptable à mérite. En d’autres mots, il ne constitue pas une machine à produire, mais un être à combler.
En entreprise, la mesure du rendement fait que tout s’y apprécie en quantités, comme pour la machine, quand l’humain, qui est fatalement derrière son objet de marché, lui, carbure à la qualité des choses. L’évaluation de la performance y est axée principalement, sinon strictement, sur les facteurs de sortie de système, que sont les temps, volumes et unités. Or, l’humain exige, pour exceller à la tâche, des politiques d’entrée de système de production, que sont le contexte du travail (culture organisationnelle) et les conditions générales d’exécution de la tâche (climat de travail). En quelque sorte, l’entreprise, qui “singe la machine”, fait déporter l’organique des besoins et attentes de l’humain vers le mécaniste de ses propres besoins et attentes organisationnelles. Pire, elle décompte le rendement en termes de profit (moyens de relance de l’offre), au lieu d’ajouter au mieux-être des acteurs-preneurs à son activité et à ses affaires. Pourtant, sans l’effort concerté et préalable de ces derniers, l’entreprise ne peut escompter se démarquer longtemps, comme instrument d’utilité dans son marché.
Le management s’est travesti en “intelligence artificielle”, soit celle moins “pensante” qu’agissante, alors que l’objet de l’entreprise qui l’exerce est et demeure la satisfaction de besoins humains. Celui de servir d’abord, et celui d’être servi ensuite. Dans cet ordre des choses, le personnel commandera une attention particulière à son mieux-être, pour mieux répondre à la fonction service utile au marché de l’entreprise. Le management, à telle enseigne, ne devrait donc pas être une mauvaise réplique du principe de la machine, même “pensante”, mais l’illustration d’une capacité humaine à répondre à des considérations humaines avant toute chose. S’il en était ainsi, sans doute que la direction et la supervision verraient à réviser en profondeur leur approche au management de l’activité et des affaires de l’entreprise, dont l’avantage au client ne peut se mesurer qu’après celui du personnel chargé de le créer (satisfaire).