Le Texier (2022) signale que “De grandes entreprises allemandes… avaient développé leur propre organisation systématique des usines et avaient mis en œuvre des changements similaires à ceux recommandés par Frederick W. Taylor, avant même que ses idées n’eussent atteint l’Allemagne” (Kocra, 1980, 1981). Il en allait de même en Russie, avec “Alexeï Gastev, en Pologne avec Karol Adamiecki, en Prusse avec Alfred Krupp et en France avec Ernest Mattern” (Cohen, 2001). Le Texier ajoute: “Sans rien en connaître jusqu’à la popularisation des thèses tayloriennes au début des années 1910, des physiologistes français (tels Armand Imbert, Étienne-Jules Marey, Émile Belot, Jean-Maurice Lahy) entendent eux aussi mesurer le travail, améliorer l’efficacité des travailleurs, évaluer systématiquement leur aptitude à différentes tâches et standardiser les dites tâches.”
En matière de management, on a le tort d’imaginer que tout ou presque nous vienne exclusivement des États-Unis d’abord. Ce qu’il faut admettre, par contre, c’est que la pratique du management y a donné lieu à des rendements supérieurs en moyenne au reste du monde. Chose certaine, la recherche et le développement y est d’ordinaire plus marqué qu’ailleurs. Le nombre des “corporate universities” (plus de 2000) indique bel et bien, que c’est par le biais de l’innovation managériale que l’entreprise américaine entend s’illustrer, avant d’aboutir en offensive de marché par l’offre de produits et services innovants sur la concurrence internationale.
Mais il demeure, que l’essentiel de la démarche de management doit être centrée sur la différenciation. Et, donc, à ce chapitre, les voies et les moyens de l’activité et des affaires doivent permettre l’atteinte de la fin de l’entreprise, en fonction des particularités du marché de l’offre et de la demande comme de la culture organisationnelle de celle-ci. Ce qui suppose, qu’il puisse exister de nombreux modèles qui permettront également de répondre à ces impératifs. Or, la majorité des dirigeants, analystes, chercheurs et professeurs pensent et présentent le management comme une avenue de conformité d’approche du positionnement de l’activité et des affaires et du fonctionnement de la structure de réponse de l’entreprise à ces dernières.
Si tout ne sort pas nécessairement de la cuisse de Jupiter américaine, en matière de management, tout, par contre, semble ressortir d’une même volonté de “benchmarking”, compris et pratiqué par les entreprises du monde entier en termes de “importation-adaptation des pratiques des autres”. Le problème, c’est que la différenciation, que commande l’innovation, pour que le management permette à l’entreprise de se démarquer suffisamment des autres pour créer le client avant elles, ne repose pas sur la “copie” des pratiques mais sur “l’original” des idées.
Être à la remorque des Américains ou des martiens, c’est être à la dérive de son marché de concurrence, de toute manière.
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