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L’univers et l’histoire du monde

Harari (2018) rappelle qu’homo sapiens est un animal à “storytelling”, plutôt qu’à “chiffres” et à “graphes”. Il vit, se développe et se prolonge en termes de réalité, et donc de vécu, partant de conditions immédiates d’être, et non pas de renvois sur son existence antérieure par des mesures d’évaluation de son activité. En somme, il veut que le “storytelling” concernant sa vie illustre, renforce et ajoute à la qualité de sa réalité courante. Il n’attend pas, que son “passé” lui soit restitué ultérieurement, par des mesures statistiques, pour mieux se situer et se comprendre face à son présent en termes de potentiel d’accomplissement de soi.

En entreprise, le management est généralement abordé par la direction sous l’angle des rapports d’exercice, où les chiffres et les graphes tiennent lieu de d’illustration de la réalité passée, courante et future des personnes qui y oeuvrent. Or, ce que révèle la recherche en psychologie du comportement des personnes en contexte organisationnel, c’est que l’humain, en voie d’actualisation de soi, carbure essentiellement aux allégories, métaphores, images et symboles. Sa puissance d’engagement découle du sens qu’il peut dégager du discours qu’on lui tient. Lequel devrait traduire la réalité d’un espace-temps de réalisation de soi qui l’avantagera. Ce n’est donc pas de chiffres et de graphes qu’il faut l’alimenter d’abord, mais de confirmations de contexte et de conditions permettant l’accomplissement de son potentiel d’être.

En entreprise, on finit par vivre dans l’abstrait de l’activité et des affaires, par chiffres et graphes interposés. Or, on devrait pouvoir s’y réaliser dans le concret du contexte du travail et des conditions générales d’exécution de la tâche. Ce qui supposerait que l’accent, dans le “storytelling” de la direction à l’intention du personnel, doive reposer principalement sur le sens des choses participant à l’amélioration des chances d’actualisation de soi pour chacun. au sein de l’entreprise Mais voilà, l’humain compose mal avec l’humain. Il préfère s’en tenir aux choses secondaires, plutôt qu’à celles indispensables au partage du sens de la réalisation de soi en entreprise.

En entreprise, on quantifie tout ou presque, On qualifie peu, par contre. Pourtant, l’humain est un animal social, bien que son activité, comme celle de son entreprise d’ailleurs, soit économique. En d’autres mots, avant de consommer des biens et des services d’offre, l’humain doit assimiler pour lui-même du sens de l’être. Ce qui semble échapper aux dirigeants d’entreprise, qui font une fixation maladive sur les seules dimensions financières de l’activité et des affaires, alors que ces dernières dépendent au premier chef de l’accomplissement de l’humain (son actualisation) qui les assurera.

L’humain, en entreprise, baigne dans un univers à substance financière, qui n’ajoute rien à la subsistance sociale de l’être qu’il est (la qualité de vie).