Sandberg (2000) signale que « la compétence découle du sens que prend la tâche au fil de l’expérience de qui l’accomplit ».
Il importe, avant de discuter du « sens » et de « l’expérience » liés à la « tâche », de bien comprendre ce qu’est la « compétence ». « La compétence, comme les compétences des personnes, contrairement à ce que l’on entend souvent, ne peut pas être enseignée. On ne forme pas des compétences, on forme des personnes. On leur transfert des savoirs, et les personnes développent elles-mêmes leurs habiletés. La compétence est un jugement porté, après commission d’un acte de production. Personne n’est compétent à proprement parler, sauf à l’avoir expressément démontré sur mandat explicite. On ne peut pas dire d’une personne qu’elle est ‘compétente’, avant d’avoir accompli une tâche, nouvelle ou ancienne, parce que son résultat pourra être un succès comme il pourra être un échec. S’il en était autrement, on aurait des « compétents incompétents’, et des ‘incompétents compétents’, suivant que leurs actes, de fois en fois, aient réussis ou foirés. La ‘compétence’ ne se présume pas davantage qu’elle ne se transfère. Elle se constate, purement et simplement. À vrai dire, ce sont les actes posés qui sont la preuve d’une ‘compétence’, et non pas les personnes qui sont ‘compétentes comme telles’. Les habiletés sont acquises comme les savoirs (connaissances), mais les ‘compétences’ sont, elles, en attente de preuve à tout moment » (Tardif, 2018).
Quand Sandberg (2000) parle de « la compétence (qui) découle du sens que prend la tâche au fil de l’expérience de qui l’accomplit », on sent bien que la notion renvoie au résultat des actes. En fait, c’est la répétition des actes qui fait que la « tâche » est accomplie avec maîtrise, et le « sens » imputé à celle-ci vient justement de la réitération du travail qu’elle entraîne. Plus la « tâche » est répétée, mieux elle est maîtrisée, et plus elle est accomplie avec « compétence ». Et cela est, parce que la « tâche » retient plus de « sens » pour qui l’exécute. Sans lequel (« sens »), la « tâche » ne présenterait pas l’intérêt requis pour être rendue avec « compétence ». Ainsi donc, la « compétence » est-elle contextualisée et conditionnée, au « fil de l’expérience » des actes que supposait la « tâche », pour être maîtrisée et rendue avec le niveau d’excellence attendu à l’assignation du mandat d’emploi la comprenant.
La « compétence », et il importe de le comprendre, pour éviter, là comme ailleurs, les non-sens, en termes de management et d’organisation, n’est rien de plus qu’un jugement rendu sur la qualité de l’exécution du mandat d’emploi comprenant la tâche au regard de laquelle elle aura été reconnue. Et donc, ce qui est reconnu, dans les faits, ce n’est pas la personne, mais bel et bien la « tâche » accomplie. Ce sont les actes posés qui sont déclarés « compétents », et non pas leur auteur.
La « tâche » ne peut prendre du « sens » qu’à raison de la valeur que lui imputera celui ou celle l’accomplissant. Et parce qu’il en sera ainsi, la « tâche » sera mieux exécutée, parce que mieux maîtrisée. À l’évaluation, la personne l’accomplissant livrera un produit d’emploi de plus haute efficience, compte tenu du contexte et des conditions de sa réalisation, et ses décisions et ses actes seront passibles d’un jugement qualifiant ceux-ci de « compétents ».
« La compétence », qui « découle du sens que prend la tâche au fil de l’expérience de qui l’accomplit », ne peut être entendue qu’en ces termes. Parce que le « sens » de la « tâche » ne peut s’expliquer qu’à travers la maîtrise que son auteur en aura, par la reprise des actes qu’elle supposera. « L’expérience », qui permet, par le jugement, de reconnaître la « compétence » des actes, est là. Et en cela, la « compétence » est bel et bien contextualisée et conditionnée dans l’entreprise, depuis les actes rendus qui permettent de poser un jugement sur la valeur de la « tâche » exécutée.
La personne ne sera pas automatiquement déclarée « compétente », parce qu’elle aura acquis de « l’expérience ». Mais le rendu de son travail le sera, parce qu’il répondra aux exigences de la « tâche » assumée par elle. Ce sont les actes posés qui seront sujets à « compétence », parce que « l’expérience » de la personne les exécutant lui aura permis de rencontrer les exigences d’emploi les concernant. Or, l’expérience de la personne n’est pas un « trait de caractère » de celle-ci, mais une pure et simple accumulation d’actes posés autorisant une meilleure maîtrise de la « tâche » assignée.
Chez vous, en entreprise, « la compétence découle du sens que prend la tâche au fil de l’expérience de qui l’accomplit », suivant les termes susmentionnés, ou « la compétence est présumée (déclarée) dès que l’expérience de la personne précèdera l’accomplissement de la tâche qu’elle devra exécuter »?