Gustavsen (1992) signale que « le processus du dialogue démocratique comprend: 1) la possibilité pour chacun de participer; 2) l’obligation pour chacun de contribuer au mieux aux idées; 3) la poursuite des échanges en vue d’un accord donnant lieu à une action pratique ». On a là, en capsule, les modalités d’application d’un véritable processus de décentralisation de la prise de décisions en entreprise.
Le « dialogue démocratique » ne suppose pas, comme certains tendent à l’imaginer, une revendication d’autorité sur le produit final de l’activité ou les affaires de l’entreprise par tout un chacun intervenant sur le flux du travail qu’elles supposeront. Il impliquera, par contre, la liberté d’expression de tous, mais à raison d’actions devant être porteuses d’efficience sur le rendu des mandats d’emploi assignés à chacun. La « participation » n’a pas cessé de se vérifier, dès lors que les opinions de chacun n’auront pas été retenues par les autres. En fait, la « participation » de chacun doit se définir par la liberté qu’il aura effectivement de contribuer directement et en permanence, et ce par le truchement de ses suggestions, à l’amélioration du résultat de l’activité et des affaires de l’entreprise.
Ce qui entraîne la deuxième condition du « dialogue démocratique » dans l’entreprise, à savoir « l’obligation (morale) de contribuer au mieux des idées ». Ce que la réalisation de la tâche assignée suppose, lorsqu’elle s’accomplit dans un processus décentralisé de prise de décisions, c’est l’amélioration des voies et moyens de son exécution, en vue d’optimiser l’usage des ressource engagées dans l’activité et les affaires à rendre. On ne parle pas, bêtement, de profit à dégager sur ces dernières, mais de service à valeur ajoutée au client qu’elles doivent permettre. Ce qui imposera une recherche de voies et de moyens d’exécution de la tâche, entre les mains de ses exécutants, qui permette de satisfaire plus et mieux la mission implicite de service optimal au client. La fin de l’entreprise est dans l’avantage au client, alors que les voies et moyens de l’activité et des affaires de celle-ci sont dans les retombées aux acteurs-preneurs à ces dernières, ce qui inclura non seulement l’actionnaire mais également le personnel.
Finalement, l’activité et les affaires de l’entreprise n’ont de sens économique, que si la condition sociale des acteurs qu’elles supposeront sera satisfaite en termes de qualité de vie améliorée. Le personnel veut s’actualiser au travail, par la libre contribution de ses initiatives au résultat supérieur des opérations de service au client. Et ce dernier entend étancher son besoin de mieux-être psycho-social, par la réponse de l’entreprise à sa demande. Il y a donc là une chaîne de satisfaction, allant de l’offrant au demandeur, qui suppose « la poursuite d’échanges » entre eux et leurs intermédiaires d’activité et d’affaires, « en vue d’un accord donnant lieu à une action pratique » susceptible de mieux répondre à leurs attentes respectives.
En somme, l’entreprise est un chantier de coopérations, entre différentes parties prenantes à l’activité et aux affaires qu’elle implique, qui n’a d’autres motif d’être que le mieux-être de chacune de ces dernières. Autrement dit, les parties prenantes à l’activité et aux affaires de l’entreprise partagent, par la force des choses, un seul et même intérêt final, soit celui de leur mieux-être respectif.
Et si l’on remonte la chaîne de satisfaction, on retrouvera d’abord le client à avantager de manière concurrentielle, le personnel à avantager de manière équitable et l’entreprise à avantager de manière opérationnelle. Ce qui veut dire, que la « participation » de chacun est indispensable, et qu’elle ne peut se concrétiser que s’il y a « contribution » de chacun à des « échanges » donnant lieu à des « accords » de nature « pratique » sur l’activité et les affaires de l’entreprise.
On est donc placé en situation de recherche obligée de « contribution au mieux aux idées ». De là à dire que l’entreprise est un « processus de dialogue démocratique », en boucles de récurrence sur le mieux-être de ses parties prenantes, il n’y a qu’un pas à franchir.
Chez vous, en entreprise, « l’activité et les affaires sont gérées en termes démocratiques de mieux-être à partager entre parties prenantes », ou « l’activité et les affaires sont menées en termes de profit à calculer, engranger et multiplier pour les actionnaires »?