Follett (1930) a indiqué, fort justement, que « le type idéal de pouvoir est le ‘pouvoir avec’ ou le ‘pouvoir co-actif’ dans l’organisation ».
Évidemment, le pouvoir co-actif est celui partagé entre tous les acteurs-preneurs à l’activité et aux affaires de l’entreprise, ce qui non seulement implique la prise égale de participation aux décisions les concernant mais également la redistribution du produit de leur exercice. Ce que l’on appellera, dans le premier cas, la « justice sociale » et, dans le deuxième cas, la « justice distributive ». Les deux formes de justice fondent le principe même du partage équitable du risque, de l’effort et des retombées sur telle activité et telles affaires de l’entreprise. Ce qui donnera non seulement lieu à une « participation démocratique » dans l’organisation de l’activité et des affaires, mais qui donnera son sens vrai à « l’organisation économique » du travail (Clegg, 2006) dans l’entreprise. Et ce, à travers l’engagement réparti, sur toute la « chaîne de valeur » (Porter, 1983), que cela sollicitera, s’il doit y avoir optimisation de l’usage des ressources requises pour que soit satisfaite la mission implicite de service optimal du client par l’entreprise (Tardif, 2022).
Dans l’entreprise performante, celle qui améliore sur son cycle de vie entier ses modes, méthodes et pratiques de gouvernance et de gérance, il existe une « conversation délibérative » (Alverson et Spicer, 2012) permanente, entre les différents intervenants sur sa chaîne de valeur, pour que les décisions et les actes d’un chacun concerné y résultent en produits économiques d’offre. Ce qui ne suppose pas que la fin soit déportée vers les moyens de l’activité et des affaires de l’entreprise, mais que le rendement sur leur accomplissement serve plus et mieux le client.
Bien des « aberrations de sens pourraient facilement être évitées » (Tourish, 2013), si seulement la logique de l’organisation du travail et celle de la rentabilisation de l’activité et des affaires concordaient en termes de fin et de moyens dans l’entreprise. Or, la dissociation des deux fait que le pouvoir sur la fin comme le pouvoir sur les moyens sont restreints à la direction de l’entreprise, alors que leur accomplissement est confié au personnel. Pourtant, tout dirigeant le moindrement intelligent reconnaîtra sans ambages, qu’on ne peut impunément dissocier les « stratégies » (positionnement de l’offre) et les « structures » (fonctionnement de la production en vue de l’offre).
L’entreprise-type n’en dissocie pas moins fin et moyens. Ce qui fait qu’elle ne peut sensément invoquer, par ailleurs, une gestion conséquente de sa chaîne de valeur. Et donc, le pouvoir en son sein n’est pas assumé de manière idéale. Soit de façon à optimiser la gestion de ses ressources engagées dans son activité et ses affaires. Il s’ensuit, que le client ne peut être avantagé de manière optimale, ce que pourtant sa mission implicite de service lui impose. On en conclura, que la direction de l’entreprise-type n’a pas plus le « sens de l’organisation économique » qu’elle n’a le « sens de la gestion efficiente » de son pouvoir de décisions et d’actions. Ce qui ne l’empêchera pas de se réclamer « performante », si elle dégage un profit d’exercice quelconque. Or, l’appréciation de la performance n’est pas dictée par l’ordre du profit, mais par le degré de satisfaction de sa mission. Ce qui s’apprécie en classement dans son marché, par rapport à la concurrence.
L’entreprise n’est réellement performante que si elle gère son pouvoir de manière à se loger dans le premier décile de son secteur. Profit ou non, les entreprises des déciles inférieurs ne font guère mieux les unes que les autres, et donc ne peuvent avoir optimisé leurs ressources face aux premières de marché.
Chez vous, en entreprise, le « pouvoir est géré de manière optimale », ou le « pouvoir est géré sans égard à ce qui le rendrait optimal »?