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C’est dans la conscience de notre véritable condition de vie que nous devons tirer notre volonté de vivre et nos raisons d’agir

Simone de Beauvoir (1948) signalait que « c’est dans la conscience de notre véritable condition de vie que nous devons tirer notre volonté de vivre et nos raisons d’agir. » De fait, notre vie se situe dans un contexte qui influe sur notre condition personnelle, et ce dernier infléchit, dans un sens ou dans l’autre, nos raisons d’être, d’avoir et d’agir.

Nous tirons du sens de notre espace-temps de vie propre, comme nous y imprimons celui de notre fabrication. Et s’il est difficile d’anticiper tout ce qui pourrait advenir, à la suite à nos actions, il demeure que nous ne pouvons nous extraire complètement des influences de notre milieu de vie. Cependant, pour conserver un équilibre de vie personnelle, nous devons tenter « d’évaluer et de superviser » (Sitton, 1998; Offe, 1977, 1985) notre environnement, pour profiter du meilleur et parer au pire.

En entreprise, il est possible d’intervenir, avec les autres, sur le contexte du travail et sur les conditions générales d’exécution de la tâche, en vue de favoriser l’équilibre de vie requis pour trouver ensemble les raisons d’agir au profit de tous. Cela s’appelle la gestion participative. La direction n’est pas capable d’instaurer, et moins encore de maintenir seule, les « conditions de vie » susceptibles de sustenter la volonté nécessaire à l’ensemble, pour que tous agissent à l’avantage des autres.

Il doit y avoir « co-autorité » (Yeoman, 2014) d’intervention, partant de décisions, dans la gestion des rapports interindividuels qui amélioreront la condition générale de vie dans l’entreprise. Des « passerelles de sens » doivent s’établir, entre les uns et les autres, à travers le vécu collectif des situations, qui fassent que chacun participera au mieux-être de l’ensemble. En somme, il doit se dégager, des actes conscients des uns et des autres, une volonté prégnante chez l’ensemble de vouloir vivre des conditions qui ajouteront au désir d’un chacun de tirer avantage de l’espace-temps de réalisation personnelle que sera l’entreprise au total.

C’est donc de « la conscience de la véritable condition de vie » dans l’entreprise que tous doivent « tirer leur volonté de vivre et leurs raisons d’agir ». Et cette conscience ne tiendra pas tant des intentions de changement, comme elle découlera de la répétition des actes posés pour que les conditions de vie propices à l’ensemble émergent et se maintiennent dans l’entreprise.

Le problème, dans une majorité d’entreprises, c’est que la direction n’a de conscience véritable qu’à l’égard du rendu économique de l’activité et des affaires. Or, c’est le cadre social du travail qui induit l’engagement du personnel qui lui fait rendre ses mandats d’emploi. Le personnel doit donc avoir « conscience d’une véritable condition de vie » qui favorisera son épanouissement comme humain, pour « tirer une volonté de vivre et des raisons d’agir » dans l’intérêt des autres, et donc de l’entreprise prise comme système de vie partagée.

Ce qui suppose, que des indicateurs organiques, autres que ceux mécanistes de mesure du produit de l’activité et des affaires, existeront, qui sauront donner l’heure juste sur le potentiel de contribution à l’épanouissement du personnel du cadre de vie sociale de l’entreprise. Parce que, ce sont les personnes qui, si les vecteurs de prise de « conscience véritable de la condition de vie » favorable existent, vont « tirer la volonté de vivre et les raisons d’agir » profitables à chacun et à l’ensemble des acteurs dans l’entreprise.

L’entreprise n’a de « volonté de vivre et de raisons d’agir » qu’à raison de celles de ses propres acteurs. Cependant, comme structure organisée, l’entreprise seule a le pouvoir d’instaurer le cadre culturel qu’attendent ceux-là, pour avoir une « conscience véritable de condition de vie » qui stimulera chez eux « la volonté de vivre » et les « raisons d’agir » requises à leur épanouissement.

Chez vous, en entreprise, « la volonté de vivre » et « les raisons d’agir » de chacun sont stimulées par le « cadre de vie », ou la direction n’a d’intérêt et d’attention qu’en fonction des « rendus techniques du travail » du personnel?