D. Smith (2009) souligne que « la signification morale du travail, pour le dire tout cru, repose sur la contribution qu’elle apporte à une vie humaine digne, remplie et utile ».
Le « sens du travail » n’est pas uniquement déduit de sa dimension technique ou physique, mais plus encore de sa dimension sociale et culturelle, en entreprise. Et la contribution, à la « vie humaine digne, remplie et utile », de la « signification morale du travail », laisse supposer que la tâche, que comprendra ce dernier, ajoute et donc ressortit d’une certaine « éthique de soi » pour la personne qui devra l’exécuter.
Et donc le management du travail, compris dans cette perspective, doit donner à entendre à la direction, pour qu’il emporte le sens requis à l’engagement résolu à la tâche de la part du personnel, que l’entreprise gagnera plus à socialiser ses rapports avec ce dernier qu’à comptabiliser ses décisions et ses actes avec lui. Or, on a le sentiment, dans la vaste majorité des entreprises, que la produit du travail importe plus que le sens de la tâche. D’où cette propension marquée, de la part de la direction, à ne mesurer que du résultat d’activité et d’affaires, au lieu de juger de la pertinence des modes, méthodes et pratiques de l’engagement au travail du personnel par la « signification morale du travail ».
Cette approche mécaniste, du management de l’activité et des affaires, n’ajoute rien à la « signification morale du travail », et donc « n’apporte (aucune valeur ajoutée) à une vie humaine digne, remplie et utile », pour le personnel assigné à mandats d’emploi dans l’entreprise.
Pourtant, les énoncés de valeurs morales, dont l’objet présumé est de servir de canevas de « sens » à l’engagement des personnes en emploi dans l’entreprise, sont adoptés en vue de rendre plus humaine « la signification du travail ». Le problème, c’est que la « portée humaine de la tâche » ne se raccorde pas toujours avec « la portée morale du travail » qu’elle suppose. C’est tout comme si l’entreprise estimait, qu’il y ait une séparation entre la « dimension comptable de la tâche » et la « dimension sociale du travail », et que sa « responsabilité morale », en matière de « vie humaine digne, remplie et utile », se dissout par miracle entre les deux.
Il manque de « signification morale », dans l’appréciation du travail, par l’entreprise (lire par sa direction), ce qui fait que la tâche y est financiarisée avant d’être humanisée, si jamais elle l’est effectivement.
L’entreprise donne dans la valeur économique du résultat d’opérations pour l’actionnaire, avant de revenir (si elle y arrive) vers les valeurs sociales d’actualisation pour le personnel. Pourtant, aucune activité ou affaires ne peuvent être rendues avec l’efficience optimale, qu’impose la mission implicite de l’entreprise d’avantage au client. Bien sûr, l’avantage au client ne saurait être décliné autrement que par le service optimal au client. Et non pas par le calcul intéressé sur le profit à tirer, quoi qu’il advienne, dudit client. Ce que ne semble avoir enregistré une masse ahurissante d’entreprises, par les temps qui courent (bien sûr, on ne parle que des entreprises des autres, et jamais de la sienne propre).
Chez vous, l’entreprise est à « vie humaine digne, remplie et utile » pour chacun, ou à « vie dure, vide et insignifiante » pour tous?