Yeoman (2014) cite Hicks et King (2009) qui disent : « Trouver du sens, dans ses projets, exige un exercice de ‘jugement subjectif ‘, lequel suppose la confirmation d’une quête d’information suggérant le sens qu’on veut donner à sa vie propre ».
Le « sens » n’est pas un « donné d’a priori », non plus qu’un « trouvé de circonstance » (voir mon post précédent : Nos vies ont le sens que nous leur donnons), mais bel et bien une « confirmation d’attribution d’un mérite aux choses » qui nous valorisent le plus dans la vie.
Ce qui ne suppose pas automatiquement, que nos évaluations des choses de la vie soient toujours objectives. En fait, elles seraient plus subjectives que moins, parce que, comme êtres en quête d’équilibre de nous-mêmes, nous voulons faire pencher la balance du « sens » en faveur d’un « meilleur ressenti de nous-mêmes », à travers les choses que nous vivons avec « la plus forte intensité ».
Notre satisfaction, face aux choses de la vie, est donc la conséquence de notre interprétation du « sens » que nous leur donnons. Partant, nous ne sommes pas passifs, mais actifs dans nos démarches d’extraction de « sens » de nos vies respectives. Et c’est en cela, que nous portons « un jugement subjectif » sur ce qui nous arrive. Pourtant, la valeur objective de nos jugements, par rapport à ce qui nous arrivera, dépendra de notre propension à opter pour des expériences de vie plus positives. En d’autres mots, plus nous privilégierons des expériences à « sens positif », plus notre sentiment d’objectivité sera grand, parce que nous aurons l’impression de vivre toujours plus positivement que moins en toute circonstance. Pour ainsi dire, la « subjectivité de nos choix » entraînera alors « l’objectivité de nos jugements », sur la valeur de vie que nous mènerons.
En entreprise, il est toujours possible de trouver une dose de satisfaction dans les voies d’accomplissement de sa tâche propre. La tâche elle-même peut ne pas être des plus valorisantes en soi. Mais rien n’empêchera de l’exécuter d’une manière qui nous satisfera mieux, au lieu de nous astreindre indûment à la répéter. Ce qui supposera, bien évidemment, que l’ordonnancement du travail, dans l’entreprise, n’oblitérera pas complètement l’initiative personnelle sur les voies et moyens de l’exécution du travail.
Au terme de l’activité et des affaires de l’entreprise, ce que la direction attend (devrait attendre), c’est que leur fin soit accomplie et non pas uniquement que leurs voies et moyens soient imposés au personnel. La logique économique de l’emploi doit supposer, que l’abaissement du coût d’effort à la tâche entre les mains de son exécutant, pour l’atteinte d’un rendement plus élevé sur son travail, commande l’autonomie des décisions requise pour la satisfaire.
Ce n’est pas en encarcanant, de manière bête, la procédure d’exécution du travail, que la direction de l’entreprise en arrivera à trouver de meilleures voies d’accomplissement économique des mandats d’emploi du personnel.
Et l’autonomie à la tâche, pour le personnel, c’est l’assurance qu’il aura de pouvoir donner le « sens » nécessaire à ses décisions et à ses actes, pour ajouter à son impression de satisfaction en emploi. Ce qui ne constituera pas une perte sèche de gérance pour la direction, par la décentralisation du pouvoir de décisions à l’avantage du personnel. Au contraire, cela se traduira par un gain d’intelligence, pour la direction, dans la conduite à résultat supérieur sur l’activité et sur les affaires de l’entreprise auxquelles elle aura mandat implicite d’ajouter plus de valeur.
Chez vous, en entreprise, les projets (mandats d’emploi) « ont le sens » qu’en attend le personnel pour s’actualiser, ou « n’ont de sens » que celui imposé par la direction pour s’avantager elle-même?