Cashman (2017) cite John Adams (deuxième Président des États-Unis, 1797-1801) qui disait : « Aucune somme d’avoir humain ou d’action humaine ne peut compenser pour un déficit humain d’être ».
La plus belle possession qui soit n’est pas extrinsèque mais intrinsèque, en ce qu’elle n’est pas extérieure mais intérieure, et donc partie de nous et non pas un ajout à notre personne. C’est la maîtrise de soi, qui révèle la profondeur de sa substance propre. Et elle ne s’acquiert que dans la quiétude du silence, et non dans le déferlement des choses du monde.
On parle généralement de méditation, comme technique de maîtrise de soi, parce qu’elle permet de passer de la surface de sa condition à la profondeur de sa personne. Toutefois, il existe également d’autres voies, pour en arriver à un état d’être qui tienne d’une meilleure appropriation (maitrise) de soi.
Un temps de « révérence », soit un moment d’ivresse, devant une splendeur de la nature, comme le Grand Canyon, face à laquelle le silence de nous-même s’impose, et où la conscience de notre état réel nous ramène à une plus juste proportion de nous-même.
Le « transport », que provoque une sublime partition, comme la Musique d’eau de Handel, qui nous fait vibrer l’intérieur par sa mesure d’élévation des sentiments.
« L’exultation » du rire de l’enfant, qui nous ramène à une condition d’innocence et de vérité pure de soi.
« L’excitation », voire « l’extase », de l’amour, qui nous met en rapport étroit avec l’autre, par le retour sur la vraie qualité (la véracité, l’authenticité) de soi.
En entreprise, il peut aussi être des voies de rappel intense de sa condition, qui susciteront le désir marquant de revenir sur son état courant pour l’améliorer. Parce que le milieu du travail, qu’on y trouve, n’est, au demeurant, qu’un site d’actualisation de soi. Ce que trop de gens finissent par perdre de vue, qui sont centrés sur la dimension mécaniste de la production qu’elle suppose.
Pourtant, ce qui fait la valeur réelle de l’entreprise, c’est le service aux autres, le client, bien évidemment, par l’optimisation de la relation que le personnel entretiendra avec lui. Ce qui imposerait, logiquement, que le personnel soit en maîtrise de son état propre, par la conscience de ses valeurs de partage avec le client qu’il servira. Et en cela, le personnel aura besoin de temps de retour sur lui-même, pour se « retaper » une authenticité à la taille de ses valeurs assumées. Or, la précipitation dans l’action, et pire encore la pression des indicateurs du rendement sur la tâche, fait que le personnel est moins enclin à se « retrouver » tel qu’en lui-même qu’à « trouver » hors de lui-même ce qui devrait faire sa valeur face aux autres.
Les énoncés de valeurs sont légion, dans l’entreprise dite « socialement responsable ». Le problème, c’est que les valeurs qu’ils véhiculent ne sont pas tant vécues, qu’elles ne sont déclarées. Or, les valeurs de partage, celles qui restituent, ou qui devraient rendre, ce que l’on est comme personne, ou comme entreprise, ne devraient pas demeurer de plats « énoncés d’intention », mais devenir de parlants « attestés de vécu ». Des preuves et non pas des prétentions. Ce trop souvent elles se révèlent. Et ce qui a pour effet que, tant chez la personne que chez l’entreprise, persiste un « déficit humain d’être », faute « d’avoir » et « d’action » humains qui tiennent véritablement de la « maîtrise » assurée de soi.
Chez vous, en entreprise, on est en « déficit humain d’être » ou en surplus d’état authentique d’être?