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Nous savons qui nous sommes, mais ne savons pas qui nous pouvons être

Cashman (2017) note que “alors qu’on est authentique à l’égard de son état courant de développement personnel, on est inauthentique à l’endroit de son potentiel de développement propre”. Shakespeare, in Hamlet, a éloquemment traduit l’idée par ces mots: “Nous savons qui nous sommes, mais nous ne savons pas qui nous pouvons être”. Et Cashman de rappeler que, “comme humain et comme leader, on a une habileté infinie à croître, à être et à devenir. Nos horizons sont sans limites. S’il est un point de bascule à notre croissance, à notre connaissance de soi et à notre authenticité, peu l’ont vu”.

Dans la vie courante, comme en entreprise, de nos jours, les causes de distraction sont multiples, voire grandissantes. Or, l’authenticité d’être et la connaissance de soi, sans parler du leadership qu’on peut exercer sur son entourage, exigent temps et effort. En somme, rien de tout cela ne va sans concentration, attention et dédication. Et parce que le temps disponible ne peut être compressé, comme le peuvent tant et plus de processus d’exécution de nos activités et affaires, on est fatalement réduit à devoir décider plus sagement de nos priorités. Le problème, en entreprise, plus spécifiquement, c’est que les priorités sont rarement différentes, d’exercice en exercice. Le profit semble tout bouffer du temps d’effort au travail, et comme il ne ressortit pas obligatoirement de l’authenticité d’être, d’avoir et d’agir de l’entreprise, peu se questionnent longuement sur le tort que représente le fait de tout y juger à l’aulne d’une seule et même mesure de rendement sur ses capacités, potentialités et opportunités.

Par “déformation comptable”, pour ainsi dire, les dirigeants, et à leur suite le personnel, mettent plus d’insistance sur l’état courant d’être que sur le potentiel d’état de l’entreprise et de son monde. Tout est centré sur l’immédiat des choses, alors que l’essentiel de leur condition, par mission d’entreprise interposée, se situe dans l’avenir de l’une comme de l’autre. Ce qui a pour effet d’apprécier le développement des deux dans une perspective de stricte quantification de résultat d’exercice, quand, par destination, le besoin de qualification de la performance sur cycle de vie imposerait que l’une comme l’autre portent davantage attention à la réalisation de leur plein potentiel d’être. Il s’ensuit que l’entreprise et son personnel savent plus ce qu’ils sont, que ce qu’ils pourraient, voire devraient, être. L’authenticité en souffre fatalement, parce que l’état de l’une comme de l’autre ne peut être valablement décliné en mesure du passé d’état, sans tenir compte du potentiel d’être qui réside toujours en eux.

Voir au-delà du présent, c’est plus qu’anticiper, c’est déjà enclencher le processus de développement de son potentiel d’être, d’avoir et d’agir comme entreprise, l’instance de satisfaction de besoins d’utilité économique, et comme personnel, l’instance de satisfaction de besoins humains de mieux-être social partagé.