Zak (2017) fait état d’une étude qui démontre que 89 % des superviseurs croient que les employés quittent leur emploi pour une question de salaire. En fait, les employés qui quittent leur emploi pour une pure question de salaire ne représentent que 12 %.
Contrairement à ce qu’une majorité de gens pensent dur comme fer, le travail n’est pas une question de salaire. Bien sûr, tout le monde a besoin d’un revenu pour vivre. Mais l’objet du travail consiste à mettre le meilleur de soi en action pour une réalisation personnelle. Ce qu’il est convenu d’appeler l’actualisation de soi. L’humain a besoin de s’investir dans un travail qui le passionnera, parce qu’il y trouvera matière à accomplissement de son talent propre.
Les études de Kathleen Vohs, de l’Université du Minnesota, ont démontré que « de penser argent » fait diminuer substantiellement la coopération au travail entre chacun. L’ingrédient le plus essentiel, à la poursuite d’une activité et d’affaires réussies en entreprise, c’est la confiance mutuelle entre les acteurs chargés de leur exécution. Parce que cette confiance, qui est un « don de soi aux autres » (Tardif, 2018), ressortit de la motivation intrinsèque dont parlent les auteurs sur le sujet. Celle qui découle des buts et valeurs du travail, et de la charge émotive et sociale qui s’y rattache.
Le travail en équipe est d’ordinaire source de création de valeur ajoutée à l’entreprise, ce qui est associé à la relation de coopération entre les personnes bien plus qu’à la dimension pécuniaire de leur emploi. Et bien que l’économie de rapports, qu’institue entre les personnes la confiance qui caractérise leur travail en équipe, contribue grandement au rehaussement du résultat financier des opérations, il demeure qu’elle n’est qu’un effet de l’activité et des affaires de l’entreprise. La fin de l’entreprise est d’utilité sociale, par la satisfaction d’un besoin de confort du client, depuis la réponse aux attentes de confort du personnel assurant son service au nom de l’entreprise.
L’humain a besoin, avant toute chose, de sens pour être, avoir et agir dans la foulée de son actualisation propre. Ce qui ne vient pas du salaire, mais de la qualité de sa tâche et de celle de son environnement. Ce qui ne suppose pas qu’il soit mal payé, pour autant. La recherche démontre, que sous un certain seuil, l’insatisfaction (Herzberg, 1959), face à la rémunération, va gruger toute son énergie (ventre affamé n’a pas d’oreille). Mais une fois le seuil en question dépassé, l’attention ira tout entière vers la substance de son occupation professionnelle. C’est à travers elle qu’il s’accomplira, et donc s’actualisera.
Sans jeu de mots, le flow de la tâche (valeur socio-émotive) ne tient pas du flux du travail (valeur financière).
Chez vous, l’entreprise fait une fixation attardée sur le salaire ou conditionne son milieu à l’actualisation de son monde?