Stephens (1998) met en opposition deux sociétés: 1) l’autoritaire, dans laquelle “la liberté, l’autonomie, l’auto-suffisance, la curiosité, l’enquête et le questionnement sont très dangereux”; 2) la démocratique, où “ils sont désirables voire nécessaires”.
Il en est de même, en entreprise. L’objet de cette dernière n’est pas le profit, mais le service au marché. Ce qui suppose un engagement à satisfaire au mieux une demande exprimée, souventefois durement disputée par de nombreuses rivales d’offre. Et cela commandera, de la part de l’entreprise concernée, un exercice de constante révision de ses modes, méthodes et pratiques de gestion, pour économiser suffisamment sur les ressources engagées dans son activité et ses affaires, pour assurer la pérennité de sa présence dans le marché. Ce qui découlera du profit d’opération qu’elle pourra engendrer d’exercice en exercice.
En somme, pour satisfaire sa mission, l’entreprise doit d’abord être efficace (faire la bonne chose), avant d’être efficiente (bien faire la chose). Ce qui lui imposera d’innover sur son produit d’offre. Or, cela n’advient jamais que si elle sait d’abord innover sur ses modes, méthodes et pratiques de réponse à la demande, par la gestion de ses capacités, potentialités et opportunités propres. L’innovation, que cela suppose, tire sa source des idées nouvelles mises de l’avant par son personnel (la recherche a démontré que la direction n’est pas la principale productrice d’innovations dans l’entreprise). Et l’innovation, sans la prise de risque est une pure vision de l’esprit (une fiction).
En ce qui concerne la prise de risque, elle suppose l’essai avant l’erreur (toujours possible). Les entreprises, dont on dit qu’elles veulent minimiser leur risque en s’aventurant sur la voie de la nouveauté après que les autres auront fait la démonstration que celle-ci rapportait gros, se leurrent, en s’imaginant être “innovantes”. En fait, elles ne cherchent pas à “minimiser leur risque”, mais à “oblitérer tout risque”, en ne misant jamais que sur le certain des choses. Le problème, c’est que la nouveauté n’est ce qu’elle est que jusqu’à ce qu’elle ait perdu sa qualité distinctive par la réitération d’emploi par les autres.
L’entreprise autoritaire est un régime de contrôle absolu, par l’obstacle permanent à tout ce qui s’appelle une initiative personnelle qui ne vienne pas du décideur premier et final. Quant à l’entreprise démocratique, elle se définit par l’innovation. Parce que la créativité ne souffre pas l’enferment des initiatives, mais impose par définition la libération des esprits susceptibles de l’engendrer. Et nul personnel n’est aussi innovant, que celui qui disposera de la liberté pleine et entière d’exercer son talent au mieux de ses capacités, potentialités et opportunités.
Chez vous, l’entreprise est autoritaire de fait, ou démocratique de choix? Vous craignez le risque de vous prononcer ouvertement? Ou vous êtes libre de penser et d’agir par vous-même?