Harari (2018) parle de “la fusion de l’infotech et de la biotech qui va bientôt pousser des millions d’humains hors du marché de l’emploi et miner la liberté et l’égalité de chacun”. Ce qui, à mon sens, sera le prélude au grand “virage humain” obligé de l’évolution socio-économique en cours, bien que peu discuté sous cet angle par les économistes, sociologues et politiciens de l’heure. Le monde est en transformation aussi profonde qu’inconsciente, semble-t-il, à en juger par le peu d”importance accordée à cette question.
Nous nous dirigeons vers un état d’intensité des contrôles tous azimuts sur toute le mesure humaine de nos vies. Vers un véritable régime économique d’appropriation/exclusion de l’avoir (domination des autres) par la concentration du pouvoir politique (asservissement des autres), par les privilégiés du système actuel. La convergence de “l’infotech” et de la “biotech”, avant que ne soit incluse l’ “agrotech”, c’est l’assurance de l’oblitération massive de l’emploi pour le commun des mortels. Non pas qu’il faille s’insurger en “ludiste” contre l’émergence de toute technologie nouvelle, comme facteur de remplacement de l’humain en instance de travail pénible, mais qu’il soit urgent de réformer la distribution de la richesse entre tous, parce qu’il n’elle jamais été le produit du travail laborieux des privilégiés du système en cours.
Le modèle que nous devrions instaurer, avant qu’il ne soit trop tard, ce que le passage des démocraties aux dictatures enseigne, même si la masse des populations n’en prend conscience qu’une fois assujettie à demeure par les potentats de l’avoir et du pouvoir, supposerait l’adoption d’une chaîne d’organisation socio-politico-économique du type suivant: 1) capacité de production socialisée; 2) potentiel de consommation privatisé; 3) état d’être, d’avoir et d’agir universellement partagé. En somme, à l’égard de l’instrument courant d’appropriation/exclusion du plus grand nombre, qu’est l’entreprise de “l’infotec-biotech”, celle hiérarchisée dans sa structure d’avoir et de pouvoir, il faudrait privilégier une organisation sociale déhiérarchisée fondée sur le partage et l’inclusion, pour assurer l’éclosion à l’échelle mondiale d’une communauté propice à l’actualisation de chacun par l’humanisation de tous.
Kurzweil (2006) a calculé que la “singularité” serrait chose faite en 2045. Certains, après lui, et plus près de nous, ont même pensé, qu’elle aboutirait vers 2030. Le problème n’est pas de savoir quand, très exactement, elle se produira, mais ce que la race humaine, dans sa globalité, fera pour circonvenir les effets néfastes de son émergence entre les mains des “contrôleurs” de tout avoir et de tout pouvoir en formation manifeste depuis le fin du siècle dernier.
Sommes-nous assez ‘supérieurs”, comme genre, pour éviter de devenir, par notre fait, les “inférieurs” des machines que nous aurons créées, avant d’être “délités” par elles parce qu’ inutiles à leur “évolution”?
