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Le pouvoir dans l’organisation sera fatalement exercé

Comte (1834) dicte que “le progrès ne constitue, à tous égards, que le développement de l’ordre”. Comme s’il devait y avoir une “conciliation fondamentale entre l’esprit de l’ordre et l’esprit de progrès”. Et, traitant de la ‘république française”, en vue d’une “universalité prépondérante du sentiment sur la raison et sur l’activité”, Comte mettra en garde contre “l’instabilité… de tout régime purement matériel”, soit celui “fondé seulement sur des intérêts, indépendamment des affections et des convictions”.

En entreprise, du moins telle que son management actuel l’exprime le plus souvent, tout “esprit”, “d’ordre” ou de “progrès”, semble tenir de l’exercice du pouvoir central, détenu en absolu, par la direction. Du moins, est-ce le modèle que nous renvoie la majeure partie des entreprises, celles qui se classent, sans en prendre suffisamment conscience, dans le peloton de queue du marché, tout secteur confondu. Or, ce faisant, ces entreprises, à haute “hiérarchisation” du pouvoir, partant de clivage marqué des rapports entre chacun par la distanciation des personnes y oeuvrant, “agissent contre elles-mêmes”. De fait, “l’esprit de l’ordre” et “l’esprit du progrès”, dans une entreprise à vocation concurrentielle, parce que de service optimal au client, ne peuvent s’inscrire en faux contre l’esprit d’organisation qu’est cette première. La dissociation, voire l’opposition farouche et constante, de ces deux états d’esprit, est davantage le propre d’une “désorganisation” que d’une “organisation” à caractère économique dans l’activité et les affaires menées.

L’entreprise de l’autrement, elle, est en harmonie continue avec ses principes d’organisation et ses préceptes de fonctionnement interne et externe. Au lieu d’être une empilade de pouvoirs séparés, se dissolvant par le bas de l’échelle, elle est un rayonnement de partage de l’engagement, se renforçant par la concentration des volontés d’être, d’avoir et d’agir de chacun contribuant à son activité et à ses affaires. En un mot, l’efficience n’est pas dans le contrôle des personnes, mais dans l’autonomie d’icelles au travail. La seule vraie “conciliation fondamentale entre l’esprit de l’ordre et l’esprit de progrès”, dans l’entreprise qui veut assumer pleinement sa fonction de marché, c’est celle de l’intelligification des rapports interindividuels en son sein, par l’humanisation du contexte et des conditions d’exécution de la tâche. Ce que la déhiérarchisation du pouvoir rend possible, parce qu’elle institue la confiance requise à l’accomplissement optimal de la mission implicite de service au client de l’entreprise.

Le “fusil de Tchekhov” veut que l’arme, présente lors du premier tableau de la pièce, serve fatalement lors de l’un des tableaux suivants.

Chez vous, l’entreprise est “conventionnelle” par habitude, ou “autrement” par choix ?